Un appel pour retrouver les proches des victimes d'août 1968
L'Institut d'histoire contemporaine de l'Académie des sciences a publié un appel aux familles des victimes de l'invasion soviétique de la Tchécoslovaquie en 1968, les invitant à le contacter afin d'apporter leur témoignage sur leurs proches décédés.
Alors que la République tchèque se souviendra en août 2008 des quarante ans écoulés depuis l'invasion de la Tchécoslovaquie par les armées du Pacte de Varsovie, l'Institut d'histoire contemporaine espère réussir à recueillir les témoignages des familles des victimes décédées dans les premiers temps de l'occupation. Oldrich Tuma, directeur de l'Institut, a expliqué à Radio Prague qui étaient ces victimes :
« Il y a à peu près plus de quatre-vingt-dix victimes, en tout cas pour celles qui nous intéressent. J'aimerais que cela couvre la période du 20 août jusqu'à la ratification du pacte autorisant le stationnement des armées soviétiques, par lequel leur séjour prend une autre dimension internationale. Mais bien entendu il y a eu des victimes après également. D'ailleurs, la Loi sur l'indemnisation des victimes de l'occupation soviétique a permis de dédommager les victimes d'accidents de la route, de crimes, etc., pour une période allant de 1968 à 1991. Mais nous voulons nous occuper des victimes de l'invasion, c'est-à-dire entre août et octobre 1968. Bien entendu, la majorité des personnes est décédée dans les premières journées de l'occupation après le 21 août. »
Sur le site web de l'Institut d'histoire contemporaine consacré aux événements de 1968 et lancé à l'occasion du 40e anniversaire à venir, la liste complète des victimes est déjà en ligne, l'identité de chacune d'entre elles étant accompagnée d'un petit résumé rappelant comment elles ont trouvé la mort. Oldrich Tuma :« Bien entendu, les victimes sont pour la plupart mortes suite à des fusillades, qu'il s'agisse de coups de feu délibérés ou alors de 'victimes collatérales' lorsque les soldats ont par exemple tiré en l'air mais que le coup de feu a atteint quelqu'un par hasard. Mais il s'agit également d'accidents de la route, enfin plutôt d'accidents causés par la manière dont les Soviétiques conduisaient les engins militaires. Après, il y a des cas dans la rue Vinohradska, autour de la maison de la Radio tchèque, avec des explosions et des incendies. Mais les victimes de coups de feu sont les plus nombreuses. »
En effet, la Radio tchécoslovaque fut un des premiers bâtiments stratégiques à avoir été encerclé et pris d'assaut par les troupes soviétiques, car elle est restée le seul instrument d'information encore libre pendant quelques temps. C'est autour de la radio qu'ont également été retrouvées cinq victimes anonymes qui n'ont jamais pu être identifiées.
Un des avantages de l'histoire contemporaine est justement de pouvoir encore parler avec des personnes vivant et pouvant témoigner. Mais comme le rappelle Oldrich Tuma, après quarante ans, il est difficile de retrouver les adresses et le contact avec les personnes, malgré les archives et malgré la Loi sur l'indemnisation qui permet d'avoir certaines données. Puis il s'agit de convaincre les descendants d'accepter de parler et de témoigner, de fournir des photos et des documents qui sont de l'ordre de l'intime et du douloureux.Si l'appel à témoignages réussit, un recueil de portraits devrait sortir à l'occasion du 40e anniversaire de l'invasion soviétique qui signa l'arrêt de mort de l'expérience démocratique du Printemps de Prague. En attendant, le site web http://www.68.usd.cas.cz/ propose des vidéos, des extraits sonores, des photos et d'autres documents encore illustrant cet événement historique qui a eu des répercussions allant bien au-delà des frontières tchécoslovaques sur la perception de l'URSS.