Le Printemps de Prague, quarante ans après

Le Printemps de Prague 1968 est le thème d’une conférence scientifique qui se tient ces lundi et mardi au Sénat de République tchèque.

Il s’agit d’une nouvelle conférence de la série intitulée « Les carrefours tchèques de l’histoire européenne » que le Sénat et l’Académie des sciences ont pris l’initiative d’organiser en cette année symbolique au cours de laquelle on commémore 4 anniversaires cruciaux pour la RT se terminant tous par un 8 : 1918, 1938, 1948 et 1968, voire 1988-1989.

Selon l’un des intervenants, l’historien Oldřich Tůma, le Printemps de Prague en tant que phénomène historique a été interprété sous différentes optiques : pour les occupants de Moscou et les normalisateurs de Prague, c’était une contre-révolution. Pour les communistes réformateurs conduits par Alexander Dubček, c’était la tentative de réformer le régime sans qu’il dépasse toutefois son cadre. N’empêche que, au printemps et en été 1968, le parti communiste a perdu pour quelques mois le contrôle sur l’évolution dans le pays :

« Dans son désir de liberté et de démocratie, la société civique est allée plus loin que le programme réformateur du parti. Des artistes, des écrivains, des journalistes, des étudiants qui se sont alors placés à la tête d’un puissant courant réformateur, n’avaient toutefois ni programme, ni direction. Un débat intense mené alors par l’ensemble de la société sur une pluralité politique, sur les droits de l’homme et la souveraineté nationale a abouti à l’abolition de la censure, en mars 1968. On a vu naître des organisations de jeunesse et du monde culturel émancipées du contrôle du parti. C’était le cas aussi du K 231, le Club des sans- partis engagés, ainsi que par ex. la tentative de restaurer le parti social-démocrate. »

Après l’occupation de la Tchécoslovaquie par les chars soviétiques, le 21 août 1968, l’unité nationale qui s’est créé en réaction à cet acte est parfois interprétée comme le soutien de l’ensemble de la société à la politique du PC. Dans une certaine mesure, c’était vrai, dit l’historien Tůma :

« Par la réaction de ses membres, et par son congrès de Vysočany condamnant l’invasion, le parti communiste a dépassé son ombre et d’une certaine manière, a cessé d’être le parti communiste au sens propre du mot. Bien entendu, cette situation n’a pas duré longtemps, pas plus d’une semaine, se terminant avec la signature du protocole de Moscou. »

Pour Oldřich Tůma, le Printemps de Prague a été un arrêt important sur le chemin conduisant vers la chute des régimes communistes en Europe. Les communistes réformateurs tchécoslovaques de 1968 ont tenté d'ouvrir la porte à la transformation économique et politique du pays, en faisant participer la société à la vie publique, bien qu’avec l’illusion de maintenir tout sous leur contrôle: une utopie qui a démontré que l’idéologie communiste était irréformable.