Un art « maladif » plein de vitalité

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Parmi les manifestations culturelles accompagnant la présidence tchèque du Conseil de l’Union européenne il y a aussi deux expositions dont les auteurs se proposent de faire découvrir au public belge le phénomène de la décadence dans les pays tchèques entre 1880 et 1914. Du 30 janvier au 10 mai les Belges ont la possibilité de voir à l’Hôtel de Ville de Bruxelles et au Musée provincial Félicien Robs de Namur les deux parties d’une seule exposition intitulée «Décadence. Pays tchèque 1880 -1914.»

Le mouvement de la décadence s’impose en Europe et dans les pays tchèques vers la fin du XIXe siècle. Parmi les thèmes qui dominent les inspirations des artistes de cette période il y a l’introspection, le mystère, les fantasmes sexuels, les pratiques religieuses obscures et l’image de la mort. Malgré « les couleurs maladives » de leur création, les décadents fin de siècle se distinguent cependant aussi par leur humour et par l’inovation formelle. Le commissaire des expositions de Bruxelles et de Namur Otto M. Urban souligne l’aspect international du mouvement:

«L’idée de la décadence tchèque a surgi dans une situation qui s’était produite dans le milieu tchèque après l’achèvement de la construction du Théâtre national de Prague, donc dans les années 1880, où il semblait que le concept de l’art national lié avec la résurrection nationale tchèque avait été accompli. Il en a résulté un certain vide que les artistes désiraient combler. Ils cherchaient donc un autre grand thème et ils ont réalisé qu’il était important de s’opposer au concept national et de s’ouvrir aux influences étrangères. Les décadents, au moins au début de leur mouvement, s’efforçaient d’intégrer l’art des pays tchèques dans le contexte culturel européen.»

Les auteurs des expositions ont divisé les œuvres prêtées par de nombreuses institutions en deux catégories. Dans la première exposée à l’Hôtel de ville de Bruxelles il y a les œuvres inspirées par l’introspection de l’artiste et l’agonie de l’individu, dans la seconde présentée au Musée Félicien Robs de Namur, il y a des œuvres évoquant la fatalité de l’amour et les aspects démoniaques de la sexualité.

Le visiteur se rend compte que le mouvement de la décadence a influencé presque tous les artistes tchèques importants de la fin du XIXe et du début du XXe siècles et l’exposition lui fait découvrir aussi le rôle joué dans ce mouvement par les artistes allemands et autrichiens établis à Prague. Une partie des œuvres exposées démontre l’évolution ultérieure du mouvement de la décadence qui a débouché sur des recherches formelles et a donné naissance aux avant-gardes expressionniste et cubiste.

Plus de détails sur la décadence dans les pays tchèques dans notre émission Rencontre littéraire du 14 février.