Un César pour le chef décorateur tchèque de « Marguerite »
C’est un beau succès que vient de remporter l’art du cinéma tchèque : vendredi, lors de la 41e cérémonie des Césars à Paris, le Tchèque Martin Kurel a remporté le César des meilleurs décors pour le film Marguerite, co-production franco-belgo-tchèque réalisée par Xavier Giannoli, qui a par ailleurs été entièrement tourné à Prague et dans ses environs. Une première pour le cinéma tchèque.
« Je suis heureux… c’est du pur bonheur. Je n’y croyais pas, je ne pensais pas que j’allais l’avoir. Comme le film n’a pas eu le prix pour la caméra et le montage, j’ai pensé que pour ‘Marguerite’ c’était fini. Nous nous sommes très bien entendus avec Xavier Giannoli en dépit de la barrière de la langue, mais je pense que nous étions sur la même longueur d’ondes donc ça s’est bien passé. »
Rappelons pour ceux qui auraient échappé au phénomène que « Marguerite », c’est l’histoire d’une diva qui chante avec une voix de crécelle et qui l’ignore, impeccablement interprétée par Catherine Frot (par ailleurs César de la meilleure actrice). De passage à Prague à l’automne dernier, à l’occasion de la sortie nationale tchèque de son film, le réalisateur français Xavier Giannoli était revenu sur son envie de tourner en République tchèque et sur sa collaboration avec Martin Kurel :« Mon idée, c’était que le personnage de Marguerite vit dans un univers qui lui appartient. Elle est censée être française, vivre dans un château français, mais en même temps c’est un personnage excentrique, exotique. Et je cherchais un château qui ait quelque chose de français et en même temps, qui soit étrange et bizarre. Je l’ai trouvé à Slapy. Je me suis dit que c’était la maison de Marguerite. A la fois, c’est un château néo-classique, français et en même temps, il y a une influence austro-hongroise qui fait que l’endroit est très poétique, un peu fou. Pour moi, c’était important que le film soit réaliste, mais qu’il ait aussi une dimension plus bizarre, plus étrange, qui corresponde à quelque chose de la folie du personnage. J’ai donc travaillé avec un très grand décorateur tchèque, Martin Kurel, et qui m’a apporté un nombre d’idées extraordinaires qui allaient dans ce sens. »
Pour sa part, le chef décorateur Martin Kurel espère que son César permettra de mettre encore davantage en lumière le cinéma tchèque dans son ensemble au niveau international :« J’espère que les gens vont commencer à s’intéresser plus à la scénographique tchèque dans le cinéma et aux doyens de cet art, comme le scénographe Jiri Hlupý, ou feus Karel Černý et Vladimír Labský. Ce sont tous de grands noms. Et si la situation politique avait été différente autrefois, ils auraient aussi pu recevoir des prix comme celui-ci. Malheureusement, le rideau de fer les en a empêchés. Mais bon, on peut espérer que la jeune génération va continuer à s’imposer ainsi. Et en disant cela, je dois dire que je me considère comme faisant encore partie de cette jeune génération ! »
Ce ne sont pas moins de quatre Césars qui ont été raflés par Marguerite, samedi, à Paris, faisant de ce long-métrage le film le plus primé de la soirée, avec Mustang de Deniz Gamze Ergüven. Une consécration donc pour son réalisateur Xavier Giannoli, pour son interprète Catherine Frot, mais aussi résolument pour le travail accompli par l’équipe tchèque du tournage.