Un changement tout relatif à la tête du ministère de la Justice

Robert Pelikán, photo: ČTK

Le président de la République a nommé ce jeudi le nouveau ministre de la Justice. A 35 ans, l’avocat Robert Pelikán devient le quinzième ministre de la Justice, après avoir été l’adjoint de la ministre démissionnaire Helena Válková. Nommé par le mouvement ANO, la question se pose déjà de savoir si Robert Pelikán sera davantage soutenu par son propre parti que sa prédécesseur, dont la démission a pris effet le premier mars.

Robert Pelikán,  photo: ČTK
Après avoir été officiellement nommé par le chef de l’Etat Miloš Zeman, Robert Pelikán a été introduit dans ses fonctions par le Premier ministre, Bohuslav Sobotka. Le nouveau ministre de la Justice souhaite gérer la politique du département de la Justice de manière différente que sa prédécesseur, qui avait, pendant son mandant d’un an, renvoyé plusieurs fonctionnaires du ministère, tels que par exemple l’adjoint de l’administration pénitentiaire. Robert Pelikán a précisé :

« Je dois être plus jeune, et c’est peut-être pour cette raison que je suis davantage capable d’accepter ce rôle. Ce qui est indissociable de ce rôle, c’est qu’il n’est pas possible d’essayer de trouver un consensus avec tout le monde, car cela n’existe pas en politique. »

Robert Pelikán compte déjà faire passer une nouvelle loi, qui devrait assurer l’indépendance des procureurs vis-à-vis de la sphère politique. Selon Robert Pelikán, le principe d’irrévocabilité des procureurs sera inscrit dans tous les nouveaux projets. Cela représente une véritable nouveauté dans la mesure où le gouvernement avait jusqu’à présent la possibilité de révoquer les procureurs à n’importe quel moment. Quant à savoir quelles seront les principales tâches que le nouveau ministre de la Justice va devoir entreprendre, l’avocat et président de l’Union des défenseurs avocats de la République tchèque, Tomáš Sokol a indiqué :

Tomáš Sokol | Photo: Filip Jandourek,  ČRo
« En ce qui concerne les devoirs à réaliser à l’avenir, je crois qu’une des choses les plus fondamentales est la réforme du droit pénal. D’un point de vue politique, je crois qu’il est également indispensable de mener à bien les négociations à propos du projet de loi concernant les procureurs. D’après moi ce sont les deux choses principales. Puis je crois également que les discussions concernant l’indépendance des juges, c’est-à-dire concernant l’instauration d’un conseil de la magistrature, devraient elles aussi évoluer dans le meilleur des sens. »

Le fait d’avoir été l’adjoint de la précédente ministre de la Justice figure tant parmi les avantages que les inconvénients de Robert Pelikán. La justice tchèque souffre d’un défaut d’approche et de vision à long terme, en raison des fréquents changements qui se sont opérés au sein du département ministériel depuis de nombreuses années. Présidente de l’Union des juges, Daniela Zemanová a répondu à la question de savoir si Robert Pelikán pourrait changer la donne :

« Le ministre de la Justice participe dans une certaine mesure à la direction et à la gestion de son administration. Mais il est précisément question maintenant de savoir, quelles sont les compétences que le ministre de la Justice conservera face à la Justice, et quelles sont celles qu’il jugera au contraire impossibles d’exercer de manière efficace pour le bon fonctionnement de la Justice. »

Daniela Zemanová,  photo: ČT24
Si pour Daniela Zemanová, le ministre de la Justice reste une personnalité politique, il est important que Robert Pelikán respecte l’indépendance du pouvoir judiciaire, sans perdre le contact avec les représentants du pouvoir judiciaire :

« Nous attendons avant tout de la détermination du nouveau ministre de la Justice pour régler les problèmes qui affectent vraiment la justice. Puis nous attendons également une certaine dose d’humilité, pour que le ministre se rende compte que les actes qu’il réalise, il les fait vis-à-vis d’un pouvoir public indépendant, le pouvoir judiciaire. J’espère également qu’il va coopérer et communiquer avec les représentants du pouvoir judiciaire. Si tout cela est préservé, alors je crois que les actes concrets du ministre vont pouvoir être utiles pour tout le monde. »

Néanmoins la nomination du nouveau ministre a suscité un certain embarras auprès des représentants politiques de l’opposition, dans la mesure où Robert Pelikán, de par son poste précédent d’adjoint de l’ancienne ministre Helena Válková, serait coresponsable des problèmes qui avaient surgi par le passé au sein du département ministériel.