La ministre de la Justice quitte ses fonctions
Après Věra Jourová, devenue eurocommissaire, et la démission du ministre des Transports Antonín Prachař, Helena Válková est la troisième ministre à dire adieu au gouvernement de Bohuslav Sobotka. Elle quittera le portefeuille de la Justice le 1er mars. Le nom de son remplaçant a été communiqué aussitôt. Il s’agit de son adjoint Robert Pelikán.
« La ministre a réussi à faire baisser les honoraires des avocats lorsqu’ils travaillaient à récupérer des créances impayées. Elle a mis en place une sélection plus transparente des présidents et des vice-présidents des tribunaux. Elle est une spécialiste du droit pénal, mais elle n’est pas une manager. »
Le départ de Helena Válková intervient après qu’elle a reçu le soutien de plusieurs magistrats à la tête d’importants tribunaux. Vendredi dernier, la ministre a également trouvé une solution à l’amiable pour régler le problème des compensations de salaire des juges et des procureurs. Ceux-ci doivent percevoir une rémunération supplémentaire rétroactivement pour les trois dernières années. La ministre de la Justice s’est targuée d’avoir économisé à l’Etat 4 milliards de couronnes (près de 144 millions d’euros) grâce au compromis trouvé.Les autres démarches de Helena Válková n’ont pas été unanimement acceptées. La ministre a été critiquée pour des changements fréquents de personnel. En février 2014, à peine un mois après son entrée en fonction, elle a révoqué le chef du système pénitentiaire tchèque, Petr Dohnal. Celui-ci envisage toujours de contester cette décision en justice. Trois des quatre adjoints ont également quitté leur poste, y compris Hana Marvanová, pourtant proche collaboratrice de la ministre.
Au cours de l’année passée, Helena Válková a présenté une première esquisse de la réforme du ministère public, un projet contesté par les ONG anti-corruption pour les prérogatives trop importantes accordées au ministère dans la sélection des procureurs généraux. Pour David Ondráčka, président de la branche tchèque de Transparency International, interrogé en décembre dernier par Radio Prague, le débat sur cette première version était indispensable :
« Si ce projet de loi est accepté comme tel, il pourrait avoir comme conséquence un contrôle plus important des politiciens sur les enquêtes menées. Mais ce qui est plus important encore, c’est que la loi confère au ministre de la Justice le droit de nommer le détenteur du poste le plus important dans cette structure. C’est contraire à l’indépendance de la procurature. Néanmoins, cela reste ouvert au débat. Nous devons discuter avec le gouvernement et le ministère de la Justice sur la façon de modifier ce projet de loi. »Si les discussions relatives à la réforme du parquet sont loin d’être terminées, le ministère de la Justice s’est montré prêt à des compromis. Par ailleurs, Robert Pelikán, le pressenti remplaçant de Helena Válková, qui occupe depuis juin dernier le poste de ministre adjoint de la Justice, a déjà affirmé que la continuité serait son mot d’ordre :
« Je ne ressens aucun antagonisme entre Madame la ministre et moi-même. Nous avons coopéré de manière très étroite pendant plus de six mois. Je ne vais pas revoir les accords qui ont déjà été conclus. J’ai assisté à leur élaboration en étant l’adjoint à la ministre. »Par ailleurs, il est parfois reproché à la ministre une certaine lenteur dans l’élaboration de projets législatifs, une critique qui engage également la responsabilité de son adjoint, Robert Pelikán. Le Premier ministre Bohuslav Sobotka a déjà affirmé que ce point serait évoqué lors de sa rencontre avec le candidat.