Un militaire à la tête du ministère de la Défense
Le gouvernement est enfin au complet avec la nomination de Vlastimil Picek à la tête du ministère de la Défense. Dirigé provisoirement par le Premier ministre Petr Nečas (ODS), le poste était laissé vacant depuis le mois de décembre et la révocation de Karolina Peake (LIDEM), une semaine seulement après sa nomination.
Le chef de l’Etat Miloš Zeman n’a pas caché son contentement en nommant Vlastimil Picek ministre de la Défense ce mardi matin. Proposé par le Premier ministre Petr Nečas, l’homme de 57 ans, jusqu’alors vice-ministre, semble bénéficier d’un large soutien. Outre le Parti civique-démocrate (ODS), le mouvement TOP 09, seconde formation de la coalition gouvernementale, a également appuyé sa nomination.
Pourtant, le chef du parti conservateur Karel Schwarzenberg avait tout d’abord fait savoir qu’il n’était pas enthousiaste à l’idée que « comme au Guatemala, un militaire se retrouve à la tête du ministère de la Défense ». Vlastimil Picek est en effet l’ancien chef de l’Etat-major de l’armée tchèque et il quitte rarement son uniforme. Diplômé à l’Académie militaire de Brno, il a réalisé toute sa carrière dans l’Armée de l’air, s’élevant progressivement dans la hiérarchie. En Europe, les ministres de la Défense sont partout des civils, sauf en Italie… et désormais en République tchèque. Fier de son parcours, son statut de militaire ne gène pas outre mesure ses collègues généraux Petr Pavel ou Pavel Štefka. On écoute ce dernier :
« Je pense que c’est plutôt un avantage car les fonctions de chef de l’Etat-major de l’armée sont extrêmement exigeantes. Il faut connaître le domaine et je crois que Vlastimil Picek fera et fait déjà à l’heure actuelle preuve de ses compétences en la matière. »Pour Jan Hamáček, le ministre de la Défense du cabinet fantôme de la social-démocratie, il était temps de mettre fin au « chaos » avec un ministère vacant depuis trois mois et une armée gagnée par « l’incertitude ». D’autant plus qu’une nouvelle législation encadrant les carrières militaires est actuellement en discussion au Parlement.
La nomination de Vlastimil Picek est surtout un nouveau camouflet pour Karolina Peake, la présidente de la plus petite formation gouvernementale LIDEM et première ministre adjointe de ce même cabinet. Quand le 12 décembre dernier, elle avait été nommée ministre de la Défense, Karolina Peake, critiquée pour son manque d’expérience, avait pris une malheureuse première décision : celle de renvoyer son vice-ministre, un certain Vlastimil Picek. Huit jours plus tard, elle avait été démise de ses fonctions et Vlastimil Picek aussitôt réhabilité tandis que le Premier ministre assurait provisoirement l’intérim de la Défense.
Trois mois plus tard, Karolina Peake voit son ancien ennemi de cabinet ministériel prendre la place qui semblait devoir lui échoir et critique donc logiquement le choix de Petr Nečas :
« J’ai toujours pensé que la direction du ministère de la Défense devait être strictement civile et en aucun cas militaire. Le général Picek était même chef de l’Etat-major. C’est ma principale réserve mais j’en ai d’autres, comme le fait qu’il a longtemps été un membre du parti communiste. Il y est entré dès 1977 et y est resté jusqu’en 1990. »Son comportement lorsqu’a éclaté l’affaire de l’achat d’avions militaires CASA vaut également à Vlastimil Picek quelques griefs de la part de Karolina Peake : il aurait tardé à reconnaître l’existence de ce scandale de corruption au sein du ministère de la Défense.
Alors que trente-quatre soldats tchèques sont désormais engagés aux côtés de la coalition menée par la France au Mali, la tâche principale qui attend le nouveau ministre de la Défense sera de négocier le prolongement de la location d’avions de chasse Gripen avec la Suède.