Un nouveau documentaire sur Václav Havel signé Jarmila Buzková
« Václav Havel, l’éternel insurgé » : c’est le titre du documentaire réalisé par Jarmila Buzková, diffusé récemment sur Arte et projeté cette semaine à l’Institut français de Prague. Jarmila Buzková, qui vit en France, était dans la capitale tchèque pour cette projection et Katerina Prokofyeva en a profité pour lui poser quelques questions juste avant.
« Je ne pense pas que mon film soit hagiographique. J’ai essayé de poser mon regard sur Václav Havel. Je ne me défends pas parfois de dire des choses qui sont un peu critiques. Comme par exemple dans son second mandat où je trouve que beaucoup de choses auraient dû être différentes. Simplement, je ne suis pas sûre que Havel, en tant que président, aurait pu faire autre chose. Je pense que c’était plutôt les erreurs du gouvernement. La vraie faute de Václav Havel, c’est qu’il est trop gentil. Souvent, il est tellement bien élevé qu’il n’arrive pas à rentrer dans les gens. Malheureusement, je pense que les politiques doivent parfois être très durs. »
Qu'est-ce qui vous a le plus marquée chez Václav Havel?
« Ce qui m’a le plus marquée chez lui, c’est quelque chose entre une autorité naturelle et un charme discret. C’est très difficile à définir mais vous le sentez tout de suite en présence de Václav Havel. Il est plutôt doux, timide et en même temps, il a une grande autorité, il sait définir les choses. C’est un mélange de sentiments qui vous envahit et c’est plutôt inattendu face à quelqu’un qui a fait de la politique. J’ai eu l’occasion de rencontrer quelques politiciens et j’ai toujours plutôt eu le sentiment d’avoir devant moi des personnes un peu égocentriques, à la limite de l’arrogance, imbus de leur pouvoir, et ce n’est pas le cas de Václav Havel. »Avez-vous l’impression qu’on en fait parfois trop dans l’ « havlomania » ?
« Je ne le pense pas. Je ne vois pas sur quoi se basent les gens pour le critiquer concrètement. Bien entendu, on peut lui reprocher des erreurs. Simplement, je n’ai pas voulu analyser la politique de ses treize années de présidence, j’ai voulu raconter d’où il vient, quelle a été sa vie, sa conduite. Je trouve qu’humainement il s’est toujours conduit avec un grand courage et une grande intégrité, ce qui n’était pas du tout le cas probablement de la majorité des gens qui le critiquent. Ce que j’apprécie, c’est qu’il a su rester lui-même pendant et même après la présidence. Je ne saurais vous dire le nom d’un président, français, allemand ou tchèque qui n’a pas à un moment donné, changé en exerçant le pouvoir. Je pense que le pouvoir change très souvent les gens, et Havel est un des rares à être resté lui-même. J’apprécie aussi le fait que même aujourd’hui, avec ses problèmes de santé, il s’intéresse au destin de son pays et du monde. Je pense que c’est quelqu’un qui mérite un grand respect. »