Un projet zoologique pour réintroduire les loups dans le parc national de Šumava

Photo: ČT24

Après plus de cent quarante ans d’absence, les loups sont de retour dans le massif de la Šumava. Ce parc national, situé au sud-ouest de la République tchèque, met en place un projet zoologique afin de réintroduire ces canidés dans leur milieu naturel. Dans ce cadre, deux loups viennent d’être installés dans un enclos spécial, construit près du village de Srní.

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Largement présent sur le territoire tchèque jusqu’au début du XIXe siècle, le loup a été expulsé définitivement en 1874. Même si quelques individus sont observés occasionnellement depuis les années 1990, la présence permanente de l’animal n’est pas attestée et ses apparitions sont imputées à sa migration depuis les pays voisins. Directeur adjoint du parc national de la Šumava, Miloš Juha présente un nouveau projet qui vise à la réintroduction du loup sur ce territoire :

Miloš Juha,  photo: ČT
« Dans un premier temps, nous avons commencé avec l’observation de différentes espèces dans la Šumava. Le projet initial concernait les cerfs, et puis nous l’avons élargi à d’autres animaux. Ainsi, nous avons assisté, par exemple, à la réintroduction du lynx, qui a été couronnée de succès. Et le projet actuel aspire à la réintroduction des loups. Néanmoins, leurs déplacements seront bien contrôlés et très limités. »

Le projet s’efforce d’introduire ces animaux dans leur milieu naturel grâce à un enclos spécial qui permettra d’observer leur vie en liberté dans la nature. Miloš Juha précise que l’intérêt des visiteurs est pris en compte :

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« Les loups disposeront désormais de quatre hectares. Il s’agit très probablement du plus grand enclos en République tchèque et il est également très intéressant pour les visiteurs. Ceux-ci peuvent se balader sur une passerelle longue de plusieurs centaines de mètres qui se trouve dans un cadre naturel très intéressant, entouré d’une forêt avec des rochers. Grâce à une clôture discrète, le visiteur aura l’impression de se promener librement dans la nature et pourra en même temps observer les loups. »

Un loup du jardin zoologique de Plzeň et une louve venue de la Bavière voisine sont supposés créer une nouvelle meute, qui devrait compter à terme dix individus. Selon Juha, l’objectif principal de ce projet est de fonder une nouvelle génération de loups vivant dans leur milieu naturel :

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« Ce projet s'achèvera grosso modo à la fin de l’été. Mais la phase la plus importante, le véritable début du projet vient d’avoir lieu. Nous avons déjà trouvé deux loups qui doivent se rencontrer maintenant, durant leur période d’accouplement, pour assurer la plus grande probabilité d’avoir des louveteaux au printemps. »

Pourtant, ce centre zoologique ne constitue qu’une des formes de réinsertion des loups sur le territoire tchèque. Les pièges photographiques, par exemple, indiquent que les loups venus des pays voisins font des incursions de plus en plus fréquentes en République tchèque, surtout au nord du pays. Expert pour la protection des grands carnivores, Miroslav Kutal, de l’association écologiste Hnutí Duha, souligne le rôle important des loups et estime qu’une réapparition pérenne n’est pas impossible :

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« Le fait que les loups reviennent sur les territoires où ils ont été exterminés n’est pas nouveau en Europe. Cela se produit d’une part grâce au regard plus positif des gens sur ces animaux et d’autre part en raison de l’exode rural dans certaines régions. Leur rôle principal est notamment lié à la régulation de la population des cerfs, des chevreuils et des sangliers, qui prolifèrent sans prédateur naturel et causent de nombreux problèmes. Ils empêchent en particulier les forêts de se renouveler. Les sangliers causent également des dommages dans l’agriculture. Bien sûr, les loups ne sont pas la solution à tous les problèmes, mais ils peuvent aider les gardes-chasse et les gardes forestiers à s’occuper de notre nature. »

Les spécialistes attendent le retour des loup avec l’impatience en assurant que ces animaux craintifs ne représentent aucun danger pour les gens et profitent, tout au contraire, à l’écosystème.