Un "Repas des mille" contre le gaspillage sur la place Venceslas
Sur le modèle de ce qui existe déjà dans plusieurs pays du monde, l’association Zachraň Jídlo (Sauve la nourriture) organisait mardi, pour la première fois en République tchèque, et plus précisément sur la place Venceslas à Prague, un repas géant préparé avec des aliments destinés à être jetés. Cette action était destinée à sensibiliser le public à la problématique du gaspillage alimentaire, une aberration de la société de surconsommation facteur de troubles sociaux et environnementaux.
« Le but de cet événement, c’est de montrer aux gens qu’on peut toujours utiliser des légumes dont l’apparence ne convient pas aux magasins mais qui sont toujours très bons au niveau de la nutrition et du goût. On peut toujours les transformer, en faire un très bon repas et les gens peuvent toujours en profiter. »
Pour Adam Podloha, le changement passe d’abord par une prise de conscience collective et individuelle. Aussi, des fascicules étaient distribués pour donner conseils et informations sur la possibilité d’acheter des aliments non emballés, sur la meilleure façon de conserver fruits, légumes ou viandes ou encore sur l’organisation idéale d’un réfrigérateur. Le mouvement contre le gaspillage alimentaire est récent. Adam Podhola développe :« En fait, il ne s’agit pas de notre idée. Nous nous sommes inspirés d’une organisation britannique « Feeding the 5 000 » (« Nourrir les 5 000 » ou « La multiplication des pains ») et de notre ‘gourou’ Tristram Stuart. Ils ont organisé cet événement à Londres il y a quatre ans et cela a permis d’amorcer le débat public sur le sujet en Grande-Bretagne. Cela a été un vrai succès et nous avons pensé qu’il s’agissait d’un bon instrument pour discuter et informer sur ce problème. »
Les événements de ce type se multiplient. En août dernier, les Barcelonais ou les Amstellodamois ont pu en profiter et ce sera bientôt au tour des New-yorkais. Beaucoup d’organisations et d’acteurs sont mobilisés. Zachraň Jídlo a ainsi pu compter sur le soutien de l’ONU, de la banque alimentaire de Prague, de petits agriculteurs, mais également de certaines chaînes de distribution. Ce « Repas des mille », tel que la manifestation a été intitulée, a également requis pas mal de travail. Adam Podhola :« Notre chef, Petr Pešek nous a préparé un curry de légumes. Il a fallu cuisiner depuis trois heures du matin et je crois qu’ils ont fini il y a seulement quelques heures. Et comme je vois des sourires sur les visages, il me semble que les gens profitent bien de ce repas et que cela a été bien cuisiné. »
Optimiser la consommation des denrées alimentaires ne permet pas seulement d’épargner les malheureuses poubelles. Il s’agit surtout de lutter contre la faim et de réduire l’impact environnemental de l’agriculture. Dans cette optique, les organisations de lutte contre le gaspillage aimeraient pouvoir s’appuyer sur des chiffres pertinents. Ce n’est pas possible actuellement et Adam Podhola le regrette :
« Ce domaine n’a pas vraiment été bien exploré, et le problème, c’est que nous n’avons pas vraiment de données exactes. C’est aussi un défi pour nous d’obtenir les chiffres sur la quantité de nourriture gaspillée auprès des organisations responsables de ce gaspillage dans le circuit alimentaire. Il faut aussi savoir ce que l’on peut faire si l’on dispose des chiffres exacts. Pour l’année dernière, il existe un rapport de l’Union européenne qui nous indique que ce gaspillage était de 95 à 115 kilogrammes par personne et par an. »Cependant, Adam Podhola considère que ces chiffres sont à prendre avec des pincettes. Aussi, l’obtention de données plus précises est un réel objectif pour ces organisations. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime, elle, que 1,3 milliard de tonnes de denrées alimentaires sont perdues ou gaspillées chaque année, ce qui représenterait un tiers de la production totale d’aliments.