Un site internet met en lumière l’emprisonnement des Tchécoslovaques au goulag
Des milliers de citoyens tchécoslovaques sont passés par le vaste réseau des camps de travail forcé soviétique, plus connus sous le nom de « goulag ». Ces derniers années, l’Institut pour l’étude des régimes totalitaires, inauguré en 2008, a effectué de nombreuses recherches sur ce pan de l’histoire soviétique et vient de partager ses résultats via un nouveau site web. Radio Prague Int. a échangé avec Adam Hradílek, historien de l’Institut. Il explique que les Tchécoslovaques sont arrivés au goulag par différentes vagues.
« Les premiers Tchèques à avoir été réprimés dans l’Union Soviétique sont ceux qui avaient colonisé l’Empire russe et ont été persécutés au cours dans années 1930 avec d’autres citoyens soviétiques. Puis, pendant la Seconde Guerre mondiale, des milliers de tchécoslovaques - fuyant les nazis - ont trouvé refuge en Union Soviétique… où ils ont ensuite été emprisonnés. C’est à cette époque que la plupart des citoyens tchécoslovaques ont connu la répression - environ 8 000 réfugiés d’avant-guerre originaires de Tchécoslovaquie ont ainsi été enfermés dans les camps de travail forcé d’Union Soviétique. De plus, après la guerre, dans les premiers jours qui suivirent la libération de la Tchécoslovaquie, l’armée soviétique a arrêté des centaines d'émigrés de l'entre-deux-guerres, principalement d'origine ukrainienne, russe ou biélorusse. Ils ont été arrêtés, placés à Moscou, Kiev ou ailleurs puis envoyés dans les goulags. »
Votre objet d’étude ne porte donc pas uniquement sur les Tchèques mais sur d’autres nationalités qui ont, elles aussi, été placées de force dans les camps ?
« Oui, c’est tout à fait cela. Notre recherche n’est pas centrée uniquement sur les Tchèques. Elle l’est aussi sur les autres Tchécoslovaques qui vivaient sur ce qu’on appelait la Tchécoslovaquie, autrement dit, il s’agit de Russes, d’Ukrainiens et aussi des Ruthènes, originaires de la partie la plus orientale de la Tchécoslovaquie. Bien sûr, nos recherches portent un regard particulier sur les Tchèques qui n'ont pas seulement été enlevés de Tchécoslovaquie, mais qui vivaient également sur le territoire soviétique. »
Beaucoup de Tchécoslovaques, emprisonnés dans au goulag, ont-ils réussi à revenir en Tchécoslovaquie ?
« Oui ! La plupart d’entre eux sont revenus. »
Durant la guerre quelques Tchécoslovaques furent également relâchés du goulag et autorisés à rejoindre une unité tchécoslovaque en Russie ?
« Oui. Sur la base d’une amnistie décidée d’un commun accord entre le gouvernement tchécoslovaque en exil à Londres et l’état-major soviétique, les Tchécoslovaques emprisonnés dans les goulags ont été libérés. Cela, dans le but de renforcer une unité de l’armée tchécoslovaque, située en territoire soviétique, dans la lutte contre l’Allemagne nazie. Beaucoup d’entre eux ont quitté les camps pour rejoindre les rangs de l’armée. »
Parlez-nous de vos recherches - comment avez-vous étudié ce sujet ?
« Quand l’Institut a été créé en 2008, nous avons commencé à recueillir les témoignages de survivants. Nous avons recueilli plusieurs dizaines d'interviews, non seulement en s’entretenant directement avec des survivants mais aussi avec des membres de la famille ou des descendants de personnes emprisonnées. Nous avons aussi récupérés des ouvrages, des mémoires qu’ils ont rédigé au goulag pour leurs enfants et petits-enfants. Il y a aussi des photographies du goulag et des lettres. Ainsi, on retrouve une partie de ces témoignes matériels sur le site internet lancé il y a quelques temps. »
Quel est le but de ce site internet ?
« Au fil des années, nous avons réalisé plusieurs expositions et recueilli de nombreux témoignages. Et ces dernières années, nous avons réussi à mener des recherches dans des archives qui venaient d’être rendues publiques, principalement en Ukraine, concernant la répression des Tchécoslovaques et des Tchèques sur le territoire soviétique. À travers ce site, nous voulons diffuser toutes ces informations au public. »
Pour vous plonger dans cette histoire des Tchécoslovaques au goulag, rendez-vous sur le site internet (en tchèque) :
https://cechoslovacivgulagu.cz
L’Institut pour l’étude des régimes totalitaires a prévu de doter son tout nouveau site web d’une interface anglaise et russe dans les semaines à venir.