Un soupçon de corruption pèse sur le contrat de livraison d’une centaine de véhicules blindés pour l’Armée tchèque

Photo: CTK

Selon les révélations du journal Mladá fronta Dnes, plusieurs hommes politiques tchèques auraient été impliqués dans des transactions secrètes en vue de l’achat d’une centaine de véhicules blindés pour l’Armée tchèque. Bien que tous les protagonistes nient fermement avoir pris part à ces pratiques douteuses, l’affaire éclabousse d’ores et déjà jusqu’aux sommets de la politique tchèque.

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Selon un contrat signé en 2006, la société autrichienne Steyr doit livrer progressivement à l’Armée tchèque un total de 107 véhicules blindés de transport de troupes Pandur pour 14,4 milliards de couronnes, quelque 554 millions d’euros. En janvier dernier, le reporter Janek Kroupa du journal Mladá fronta Dnes a recueilli les aveux confidentiels de deux ex-managers de Steyr. Selon cette source les deux managers auraient offert à leurs interlocuteurs tchèques, lors des négociations sur ce contrat entre 2005 et 2006, une commission de 3 % du montant de la commande. Et les deux ex-managers de désigner aussi plusieurs hommes politiques ayant participé à ces manipulations frauduleuses. Y auraient été impliqués entre autres l’ancien premier ministre et chef du Parti social-démocrate Stanislav Gross, l’ancien ministre de la Défense Karel Kühnl et le ministre actuel de la Défense Martin Barták.

Comme il fallait s’y attendre, tous les protagonistes tchèques de cette affaire rejettent fermement ces accusations. Même les anciens managers de Steyr ont récemment changé de ton et affirment maintenant que leur déclaration pour le reporter Janek Kroupa n’a été qu’une plaisanterie. Le reporter refuse cependant de les croire:

«Ils se sont retrouvés dans une situation très difficile après avoir avoué un acte criminel. Il serait absurde qu’ils disent aujourd’hui autre chose. Il serait absurde que quelqu’un avoue avoir commis un acte criminel rien que pour plaisanter.»

Face à ces accusations le Parti social-démocrate prépare deux plaintes, l’une contre la calomnie, l’autre contre la corruption. Le Premier ministre Jan Fischer, lui, exige une enquête pour élucider cette affaire. Quant à l’ancien directeur du service d’armement du ministère de la Défense, Jaroslav Štefec, il est convaincu que les livraisons d’armes pour l’armée sont un terrain fertile pour la corruption:

«J’en suis absolument sûr. On peut le prouver dans une grande mesure par des preuves indirectes et notamment par les procédés utilisés pour la conclusion de tels contrats qui sont confiés à des intermédiaires. Ce qui peut être considéré comme la preuve directe, c’est la différence entre les prix que l’Armée tchèque paie et les sommes payés pour ce genre de transaction par d’autres armées.»

Quoi qu’il en soit, il ne sera pas facile maintenant de dissiper les soupçons qui pèsent sur plusieurs personnalités politiques. Ce sera d’autant plus difficile dans la situation actuelle où les affaires de corruption dans le domaine public se multiplient, risquent de provoquer la colère des contribuables et de devenir un grand thème de la prochaine campagne électorale.