Ce mardi 3 octobre, soit 122 jours depuis la tenue des élections législatives en République tchèque, la Chambre des députés procédera au vote de confiance, initié par le nouveau cabinet de Mirek Topolanek. Dans l'histoire du pays, on n'avait jamais vu un espace de temps aussi long entre ces deux événements. Rien ne peut mieux illustrer l'incapacité des représentants politiques à atténuer la cacophonie de leurs voix et à aboutir à des consensus.
Mirek Topolanek, photo: CTK
De l'avis général, il est peu probable que le cabinet de Mirek Topolanek, chef du parti de droite libérale ODS, vainqueur des législatives, cabinet investi il y a environ un mois, obtienne la confiance. Les chiffres étayant cette hypothèse sont clairs: au sein de la Chambre basse comptant 200 députés, l'ODS ne dispose que de 81 sièges. Et même en pouvant compter sur le soutien que le Parti des Verts vient de lui promettre et en supposant celui des chrétiens-démocrates - ces derniers jouant pourtant jusqu'au dernier moment les énigmatiques - il ne totaliserait que la moitié des voix. Un non catégorique est effectivement à attendre de la gauche composée des sociaux-démocrates et des communistes.
Photo: CTK
Dans cette logique, on s'interroge sur ce que adviendra après l'échec du vote de confiance. La Constitution tchèque prévoit encore deux autres tentatives. En ce qui concerne la suivante, c'est Jiri Paroubek, chef du parti social-démocrate, deuxième aux élections législatives, qui espère en être chargé par le président de la République. Une alternative qui ne semble toutefois pas plaire au chef de l'Etat - malgré les us et les coutumes - et qui, de ce fait, est peu envisageable. On peut estimer que la deuxième tentative incombera de nouveau à Topolanek ou à un autre membre de son parti. La formation d'une grande coalition serait également sérieusement envisagée. L'ODS, quant à lui, ne révèle guère ses plans, malgré une récente déclaration de son chef, selon laquelle il serait prêt à continuer à gouverner « sans la confiance ». Par ailleurs, le texte assez ambigu de la Constitution en la matière permettrait une telle lecture. Au cas de l'échec des trois tentatives, la législation prévoit des élections anticipées. Celles-ci sont également privilégiées par l'ODS (le cabinet Topolanek se définissant d'ailleurs depuis le début comme un gouvernement intérimaire) auquel les sondages donnent encore plus d'intentions de vote qu'avant le scrutin de juin et dont la perspective, pour la même raison, est peu appréciée par Jiri Paroubek. De même, des élections anticipées sont jugées inévitables par l'ex-président Vaclav Havel.
Sauf surprise, la sortie de l'impasse dans laquelle la scène politique tchèque se trouve actuellement et qui fait augmenter les animosités et hausser le ton de part et d'autre n'est donc pas à prévoir demain ou très prochainement. Une scène qui est secouée par toutes sortes d'affaires, dont notamment celle des écoutes téléphoniques de politiciens et de journalistes et dans laquelle les deux principaux protagonistes, l'ODS et le parti social-démocrate, ne cessent de s'accuser et de s'éclabousser... Ce n'est pas non plus pour demain que l'électeur peut espérer une image plus tendre de son élite politique. Sauf surprise, bien sûr.