Une commission parlementaire recommande à la Chambre des députés de livrer le député David Rath à la justice

David Rath, photo: CTK

L’affaire du député et ancien président du Conseil régional de Bohême centrale David Rath continue à alimenter la presse tchèque et prend de l’ampleur. Face aux documents réunis par la police, et dont certains ont déjà filtré dans les médias, la Commission des mandats et des immunités a recommandé à la Chambre des députés de lever l’immunité parlementaire de David Rath. Ce dernier se trouve actuellement en détention préventive.

David Rath,  photo: CTK
C’est dans le village de Rudná près de Prague qu’a pris fin la carrière politique de ce président du Conseil régional qui était une des personnalités les plus importantes du Parti social-démocrate et une des voix les plus fortes et les plus critiques de l’opposition.

Lundi 14 mai David Rath est arrêté en sortant de la villa de la directrice de l’hôpital de la ville de Kladno, Kateřina Pancová. Il porte une boîte dans laquelle la police trouve 7 millions de couronnes (quelque 280 000 euros). La police soupçonne la somme d’être un pot-de-vin, mais le député se déclare surpris et affirme avoir cru que la boîte ne contenait que des bouteilles de vin. Le même jour la police arrête encore sept autres personnes dont Kateřina Pancová.

David Rath et ces personnes sont soupçonnés d’avoir créé un réseau clientéliste dans les organes régionaux de Bohême centrale et d’avoir manipulé des commandes publiques pour en tirer un profit personnel. David Rath se déclare convaincu qu’il s’agit d’un complot politique et que l’argent a été placé dans la boîte à son insu pour discréditer sa personne et tout le Parti social-démocrate. La Chambre des députés doit donc décider s’il faut lever ou non l’immunité parlementaire du député qui a déjà renoncé au poste de président du Conseil régional. On décide alors de lui donner la possibilité de comparaître devant la Commission des mandats et des immunités pour se défendre et exprimer son opinion sur l’affaire.

Bohuslav Sobotka,  photo: CTK
L’audition qui a eu lieu, mardi, dans un établissement du ministère de l’Intérieur, n’a pas amélioré la situation de David Rath. Le chef de la Commission Bohuslav Sobotka a résumé le travail de la commission par ces paroles :

« A mon avis, cette audition a rempli son objectif. Le député David Rath a pu y participer personnellement sans aucune complication et a pu exprimer son opinion. Et ses avocats ont eu la même possibilité. Je crois que David Rath et ses avocats ont disposé d’assez d’espace pour exprimer leurs positions juridiques. »

Avant l’audition, la police a présenté aux membres de la commission les documents écrits et les écoutes réalisées dans la villa de Kateřina Pancová. Selon les membres de la commission Stanislav Křeček ces documents rendent extrêmement improbable l’hypothèse du complot politique contre David Rath :

La Commission des mandats et des immunités,  photo: CTK
« Même si je ne connaissais pas les écoutes et le dossier de cette affaire, il me semblerait improbable que quelqu’un se donne autant de mal pour discréditer David Rath. Cette hypothèse m’a semblée inadmissible dès le début. Et comme je connais maintenant les écoutes et les documents que la police nous a présentés, je trouve que cette hypothèse est complètement absurde et irréaliste. »

A en croire ceux qui ont entendu ces écoutes, elles démontrent que David Rath savait bel et bien que la boîte contenait de l’argent et qu’il était tout-à-fait conscient de commettre un acte illicite, mais se croyait protégé par son statut de député. Le membre de la commission Jan Vidím du Parti civique démocrate n’a pu que constater :

Jan Vidím  (à gauche),  photo: CTK
« L’ensemble des 15 membres de la Commission des mandats et des immunités a voté pour la levée de l’immunité parlementaire de David Rath tout simplement parce que les documents mis à notre disposition était révélateurs et nous ont convaincus. »

La Commission recommandera donc à la Chambre des députés de lever l’immunité de David Rath. La séance de la Chambre qui doit prendre une décision définitive sur cette question aura lieu le 5 juin. Entre temps, le président du Conseil régional déchu reste en prison parce qu’il a été pris en flagrant délit ce qui a permis à la police de l’écrouer et de l’interroger. Chaque jour les journaux apportent de nouvelles informations sur cette affaire qui risque encore de s’étendre et d’éclabousser d’autres responsables d’organes régionaux de Bohême centrale.