Une dissolution voulue mais incertaine de la Chambre des députés

Photo: Archives de Radio Prague

Si environ deux cinquièmes de Tchèques ne croient pas que les députés voteront ce mardi la dissolution de la Chambre basse du Parlement, près de la moitié de la population souhaite pourtant l’organisation d’élections législatives anticipées au plus vite. C’est ce qui découle du sondage réalisé par l’agence Median et STEM/MARK pour la Télévision tchèque.

Photo: Archives de Radio Prague
La résolution de la crise politique pourrait survenir ce mardi, à l’occasion du vote des députés portant sur la dissolution de leur Chambre mais rien n’est moins sûr. Un sondage relatif aux élections législatives anticipées, réalisé la semaine dernière auprès d’un échantillon de 1400 personnes note qu’une majorité des Tchèques interrogés préféreraient qu’un tel scrutin anticipé soit organisé le plus vite possible, au mois de septembre ou octobre, plutôt que de continuer plus longtemps avec cabinet dit « d’experts » de Jiří Rusnok. Ce gouvernement n’a pas obtenu la confiance de la Chambre des députés le 7 août dernier, et désormais près de 64% des Tchèques estiment qu’il ne doit plus prendre de mesures importantes. Les résultats de ce sondage interviennent notamment après la nomination discrète de Lívia Klausová et de Vladimír Remek aux postes d’ambassadeur à Bratislava et à Moscou. Le sociologue Daniel Prokop présente l’état actuel de l’opinion publique :

« Il est possible de distinguer des réactions négatives provoquées par la manière d’agir du gouvernement intérimaire, auprès de personnes qui le soutenaient auparavant, mais qui se rendent désormais compte que le cabinet de Jiří Rusnok a perdu sa légitimité. Et ils pensent qu’il devrait, de ce fait, cesser de prendre des mesures clés. »

Dans ce sens, le vice-président du parti social-démocrate, Lubomír Zaorálek, a fait savoir qu’il ne comprenait pas pourquoi le cabinet de Jiří Rusnok avait précédemment soutenu qu’il ne procèderait aucunement à des décisions stratégiques pouvant avoir un impact sur le fonctionnement du pays. Le ministre de l’Intérieur, Martin Pecina, a néanmoins rétorqué que les noms des deux candidats aux postes d’ambassadeur ont été approuvés unanimement au sein du gouvernement intérimaire, et que leur nomination était nécessaire. Martin Pecina :

Martin Pecina,  photo: Tomáš Adamec,  ČRo
« Nous n’avons rien à regretter, nous n’avons rien fait de mal. Nous regrettons seulement qu’il y ait cette image médiatique, qui est cependant complètement déformée. »

Or 53% des personnes interrogées jugent que le gouvernement « d’experts » ne peut prétendre au statut de cabinet de qualité. Et 48% ne souhaitent pas que les ministres issus dudit gouvernement se présentent aux élections à venir, contre 44% pour lesquels leur présence sur les listes électorales ne constitue pas un problème. Martin Pecina est un des ministres démissionnaire qui a l’intention de se porter candidat, et ce dans le cadre du Parti des droits des citoyens (SPOZ), formation fondée par le Président de la République, Miloš Zeman.

Si ce dernier souhaite l’organisation d’élections législatives les 25 et 26 octobre, il faut attendre la dissolution de la Chambre des députés pour en connaître la date effective. Car lors d’un entretien télévisé ce dimanche, Martin Pecina, également vice-premier ministre, s’est laissé entendre dire qu’il ne croyait pas en cette dissolution de la Chambre basse du Parlement mardi, dans la mesure où le parti de droite (TOP 09) pourrait encore se raviser, « comme il en l’habitude ». Le président du club parlementaire TOP 09, Petr Gazdik, a immédiatement rétorqué :

Petr Gazdík,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« J’espère sincèrement que Monsieur Pecina se conduira en gentleman et s’excusera auprès de mon parti pour ses déclarations mensongères exprimées en direct, et ce dès qu’elles s’avèreront être effectivement fausses après le vote de ce mardi. »

Si certains députés du parti civique démocrate (ODS) appellent au retour sur la scène politique de l’ancien président, Václav Klaus, 72% des personnes interrogées dans le cadre de ce sondage ne le souhaitent aucunement. A la question de savoir si avec l’avènement de nouvelles formations politiques au sein de la Chambre des députés, tels que le parti ANO2011 de l’homme d’affaires Andrej Babiš, ou celui de Tomio Okamura, la situation politique en République tchèque va changer, près de 70% des personnes se montrent sceptiques. Ils affirment que ces partis se comporteront comme des partis traditionnels ou qu’ils ne parviendront tout simplement pas à entrer à la Chambre. Dans le cas où cette assemblée vote sa dissolution ce mardi, c'est-à-dire que trois cinquièmes des députés se prononcent en faveur (120 voix sont nécessaires), l’attention se portera au Château de Prague où il appartiendra au chef de l’Etat de confirmer cette décision.