Pour les partis, la campagne électorale a déjà commencé

Photo: Filip Jandourek, ČRo

Après le vote de mercredi, lors duquel le gouvernement intérimaire de Jiří Rusnok n’a pas obtenu la confiance du Parlement, l’organisation d’élections législatives anticipées en octobre semble désormais un fait presque acquis. La Chambre des députés, où aucune majorité ne se dégage plus, se réunira vendredi prochain puis très probablement encore le mardi 20 août pour décider de son autodissolution.

Petr Gazdík,  photo: CTK
Trois partis, TOP 09 pour la droite, social-démocrate et communiste pour la gauche, ont demandé la convocation de cette session extraordinaire à l’issue de laquelle, pour la deuxième fois dans l’histoire de la République tchèque, la Chambre basse du Parlement devrait être dissoute. Celle-ci comptant deux cents sièges et une majorité qualifiée des trois cinquièmes, soit 120 voix minimum, étant requise, la réunion de ces trois partis devrait s’avérer suffisante pour aboutir à cette fameuse dissolution. Et comme l’explique Petr Gazdík, président du groupe parlementaire de TOP 09, deuxième principale formation de l’ancienne coalition gouvernementale, l’état actuel des choses à la Chambre des députés nécessite de faire au plus vite :

« Il n’y aucune raison de retarder l’échéance. Nous ne souhaitons pas prolonger la période d’instabilité et le gouvernement illégitime du Parti des droits des citoyens (SPÓZ), des amis de Miloš Zeman, qui n’a obtenu que 4 % des suffrages lors des dernières élections. Dans le cas où il n’existe aucune majorité à la Chambre des députés, comme cela est le cas depuis mercredi et l’abstention des deux députés du Parti civique démocrate (ODS) lors du vote de confiance, la solution la plus légitime est le retour le plus tôt possible d’un gouvernement légitime qui disposera d’un mandat des électeurs, et cela passe par des élections anticipées. »

Bohuslav Sobotka,  photo: CTK
Le discours du chef Petr Gazdík est sensiblement le même que celui tenu par le président du parti social-démocrate (ČSSD), Bohuslav Sobotka. En tête dans les sondages et grand favori annoncé des prochaines élections, la social-démocratie est logiquement favorable à l’organisation d’un scrutin anticipé qu’elle réclame même depuis plusieurs mois :

« Je pense qu’il n’y a pas de raison d’attendre. Il n’y a pas de raison de prolonger l’instabilité. Avant la troisième lecture, il convient de faire un inventaire de tout ce qui peut encore être adopté et ensuite dissoudre la Chambre des députés. »

Depuis jeudi, c’est donc le branle-bas de combat dans les différents partis, dont tous ne s’attendaient pas forcément à voir arriver si vite l’échéance des élections. Une fois le projet de dissolution adopté par les députés, il appartiendra au président de la République de dissoudre pour de bon la Chambre. Même si la Constitution ne stipule aucun délai pour cela, on peut penser que Miloš Zeman ne procédera à aucune obstruction et que des élections seront alors organisées dans les soixante jours suivants, soit dans la seconde moitié du mois d’octobre.

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
Tandis que la social-démocratie affine déjà le programme d’une campagne au cours de laquelle elle entend mettre l’accent notamment sur le renouveau du fonctionnement de l’Etat et de ses institutions ainsi que sur la croissance économique, l’ODS, principale formation de l’ancienne coalition gouvernementale, cherche encore ses leader et têtes d’affiche pour des élections qu’elle a tout lieu de redouter. Pour la première fois depuis sa fondation par Václav Klaus au début des années 1990, l’ODS risque fort en effet de perdre sa place de parti leader sur la droite de l’échiquier politique tchèque. Une situation qui devrait donc profiter à TOP 09, dont les responsables ont cependant déjà fait savoir qu’ils excluaient la possibilité de former une éventuelle coalition avec la social-démocratie après les élections. Si celles-ci devraient donc permettre une vaste redistribution des cartes, bien malin celui qui, aujourd’hui, pourrait dire lesquelles.