Une exposition à Bruxelles honore la mémoire des soldats tchèques tombés pour l’Autriche-Hongrie
« Le front de Soca 1915 – 1917 » est le titre d’une exposition à voir ces jours-ci dans les locaux du Parlement européen à Bruxelles. L’occasion, pour ses auteurs, de réhabiliter, 90 ans après, la mémoire des dizaines de milliers de soldats tchèques qui ont combattu pendant le premier conflit mondial sous le drapeau de l’Autriche-Hongrie, et donc, de l’avis de certains, du mauvais côté…
L’exposition de Bruxelles consacrée aux soldats des pays de la couronne de Bohême sur le front italo-slovène nous familiarise avec les destins de deux survivants qui sont, tous deux, des artistes connus : le photographe Jan Sudek qui a perdu sa main droite sur le front, et le peintre et romancier Josef Vachal que la guerre a privé, selon ses propres paroles, de sa foi chrétienne. Josef Sudek, photographe légendaire de la première moitié du XXe siècle, est connu notamment pour ses photos en noir et blanc. Son handicap n’a nullement influencé la qualité de sa création. Les objets et les endroits discrets et ordinaires devaient romantiques et magiques sous le feu de ses projecteurs. Le souvenir de la guerre a trouvé un reflet notamment dans ses paysages qu’il aimait faire tristes…
Quand à Josef Vachal, il a orné de ses fresques une église à Soca, avant de revenir chez soi. Ses souvenirs de guerre au service de l’armée austro-hongroise, il les a rassemblés dans son livre « Le peintre sur le front. » On y apprend par exemple qu’il était en première ligne, qu’il a été blessé au pied et opéré à l’hôpital de campagne de Soca, et après sa guérison il a reçu l’ordre de décorer de fresques l’église Saint-Joseph local. Le proverbe qui dit que les muses se taisent quand les armes parlent n’était pas vrai pour Josef Vachal : sur le front, il a rédigé son journal, un recueil de poèmes grotesques, un livre de petites prières militaires qu’il a illustré et relié en bois, en créant plus de 150 dessins en couleurs. Les souvenirs du front de Soca trouvent leur expression dans sa création d’après-guerre, mais pas tout de suite. Il n’était pas facile pour lui de revenir en arrière… Il s’est confié que la contradiction évidente et absurde entre la beauté surnaturelle des Alpes Juliennes par lesquelles passe le fleuve Soca et les événements atroces dont il était témoin l’a marqué pour toute sa vie…Un autre message de l’exposition présentée au Parlement européen à Bruxelles est de montrer que les anciens adversaires aux temps du premier conflit mondial sont aujourd’hui des pays amis unis en une seule et même Europe…