Une grève générale, aujourd’hui ? Inimaginable

Photo: ČT24

Cette nouvelle revue de presse de la semaine écoulée reviendra d’abord sur la grève générale du 27 novembre 1989 pour placer celle-ci dans le contexte actuel et évoquer la façon dont les manifestations sont menées aujourd’hui en Tchéquie. Nous nous intéresserons ensuite à l’analyse fait dans les médias tchèques des tensions entre la Russie et l’Ukraine, nous poserons aussi la question de savoir pourquoi la social-démocratie, une des deux formations de la coalition gouvernementale, ne parvient-elle pas à promouvoir ses succès, avant, enfin, d’évoquer une exposition consacrée à Pablo Picasso qui se tient à Prague.

Photo: ČT24
Le journal en ligne Deník Referendum évoque la grève générale qui s’est déroulée le 27 novembre 1989, lors de la révolution dite de Velours, dans laquelle trois quarts des citoyens de la Tchécoslovaquie d’alors, la majorité des entreprises et des institutions, étaient impliqués. On peut lire :

« Bien que l’on vive dans une société libre, une grève similaire est paradoxalement inimaginable aujourd’hui. Quand on se rappelle les différents événements qui se sont succédés en novembre 1989, cette grève est généralement occultée ou négligée, car c’est d’abord l’élément anticommuniste qui est accentué. Pourtant, elle mérite que l’on s’en souvienne. La grève générale s’est tenue dix jours seulement après la répression brutale d’une manifestation des étudiants et plusieurs grandes manifestations dans le centre de Prague. Son importance réside avant tout dans le fait qu’elle se soit étendue à l’échelle nationale. Ainsi, contrairement aux manifestations à Prague, on ne pouvait pas dénoncer cette grève en prétendant que celle-ci ne concernait que la capitale et quelques grandes villes. »

« Tous ceux qui manifestent aujourd’hui contre le gouvernement d’Andrej Babiš oseraient-ils organiser une grève générale ? », s’interroge l’auteur du texte publié donc dans Deník Referendum. Il répond par la négative, car la province ou la Tchéquie dite « B » ne partagent pas le mécontentent de ceux qui manifestent dans les rues de Prague. D’après lui, il serait aussi intéressant de voir comment réagiraient aujourd’hui les employeurs, les multinationales ou les institutions d’Etat.

Manifester et protester – un droit légitime

Photo: Martina Schneibergová
« Les protestations ne sont pas dirigées contre les résultats des élections, mais contre le comportement des puissants ». Tel est le titre d’un commentaire publié dans le quotidien Hospodářské noviny. Son auteur remarque :

« Durant la récente crise politique qui a entraîné une nouvelle vague de manifestations contre Andrej Babiš, les représentants de ‘l’establishment’ ont pris l’habitude de prétendre que ses participants protestaient contre les résultats des élections. C’est évidemment un non-sens, car ces dizaines de milliers de personnes ont protesté protestaient tout simplement contre le comportement de ceux qui sont au pouvoir. Le recours à cette argumentation a pour but de ridiculiser, marginaliser et même dénigrer les gens qui protestent. Il s’agit ni plus ni moins que d’une tentative des représentants politiques de délégitimer les protestations civiques, ce qui est assez alarmant pour l’avenir .»

Ce n’est pas pour rien que les manifestations sont un droit garanti par la Constitution. Toujours selon Hospodářské noviny, « une démocratie fonctionnelle repose sur le principe d’un contrôle du pouvoir assuré non seulement par les mécanismes institutionnels, mais aussi par la voix des citoyens dans la rue ». Un vrai démocrate n’est pas une personne qui se contente de voter et de se taire ensuite, quoi qu’il arrive, au contraire elle n’a de cesse de s’engager, conclut l’auteur.

La tension entre l’Ukraine et la Russie

Photo: AP Photo/Evgeniy Maloletka/ČTK
La dernière évolution en Ukraine et en Crimée mérite d’être suivie attentivement et systématiquement. Dans un texte publié dans le quotidien Lidové noviny, son auteur explique pourquoi :

« On ne peut pas exclure que Vladimir Poutine a une idée non avouée derrière la tête dont on ne sait rien du tout. Le président russe se comporte ainsi à chaque fois que sa cote de sa popularité est en baisse, comme c’est le cas depuis plusieurs mois suite à l’instauration en Russie d’une réforme des retraites assez radicale. Une situation identique est survenue lors de l’invasion en Géorgie, en rapport avec l’annexion de la Crimée ou avec les activités russes en Syrie. »

Quel est le rapport entre ces événements et le Brexit ? Pour l’auteur du texte, ils devraient agir comme un réveil. Les Etats membres de l’Union européenne et le Royaume-Uni sont appelés à tenir compte du fait que que leurs négociations ne se déroulent pas dans le vide ou dans un laboratoire scientifique hypothétique, mais dans un monde réel qui sous-entend des surprises, des chocs et des crises à résoudre. C’est là une raison de plus, toujours selon l’auteur, pour que les leaders européens et britanniques y accèdent d’une manière constructive, efficace et positive dans une volonté de conciliation. Bref, comme des amis et des alliés, car « l’Ukraine ne se trouve pas seulement dans le voisinage de la Russiee, elle est aussi et surtout dans le voisinage de l’Union européenne et de l’OTAN ».

Le Parti social-démocrate peine à promouvoir ses succès

ČSSD,  photo: Site officiel du Parti social-démocrate
Le mouvement ANO cherche à nouveau à s’approprier les succès du gouvernement au détriment du Parti social-démocrate (ČSSD), son partenaire au sein de la coalition, tout comme il l’avait déjà fait sous le précédent gouvernement de Bohuslav Sobotka. C’est ce que constate l’auteur d’un texte mis en ligne sur le site echo24.cz :

« Aux dernières élections législatives, la social-démocratie a essuyé un grand échec en n’obtenant que 7,2% des suffrages. Ses représentants ont en grande partie attribué cet échec à leur incapacité à ‘vendre’ les priorités gouvernementales. La situation semble se reproduire aujourd’hui. Quand par exemple Jana Maláčová, ministre sociale-démocrate du Travail et des Affaries sociales, réussit à faire valider une augmentation de l’allocation maternité, c’est la ministre des Finances du mouvement ANO, Alena Schillerová, qui s’en adjuge le mérite sur les réseaux sociaux. »

Un autre exemple de ce que déjà précédemment certaines propositions et priorités du Parti social-démocrate ont inspiré finalement le mouvement ANO, c’est la mise en valeur, à commencer par le mois de septembre dernier, de la réduction du prix des transports pour les étudiants et les personnes de plus de 65 ans. Le site echo24.cz rappelle en outre que ce sont les sénateurs du parti ČSSD qui se sont le plus fortement opposés à une coalition avec le mouvement ANO, de crainte que celui-ci présente les succès de la social-démocratie comme les siens.

Pablo Picasso à Prague

Photo: Site officiel du Musée Kampa
Le Musée Kampa de Prague accueille jusqu’en janvier prochain une exposition unique de gravures et de litographies de Pablo Picasso. La collection, prêtée par le Museum Reina Sophia de Madrid, est présentée pour la première fois en République tchèque. Pourtant, comme le signale l’auteur d’un article publié sur le site novinky.cz, plusieurs attaches relient la vie de Picasso à la culture tchèque :

« C’est probablement pour cette raison que les organisateurs de l’exposition ‘Pablo Picasso. Passion et peine’ ont voulu consacrer toute une salle aux portraits et aux carricatures du célèbre peintre créés par l’illustre artiste tchèque Adolf Hoffmeister. Les deux hommes se sont rencontrés, à la demande du génie espagnol, dans l’atelier de ce dernier à Paris. Par ailleurs, la famille Hoffmeister possède une gravure et une lettre de Picasso. »

Dans les années 1930, décennie à laquelle les œuvres de la collection présentées au Musée Kampa remontent, Picasso était déjà un artiste reconnu, ses oeuvres se vendaient, en dépit de la crise économique, très cher. L’article publié sur novinky.cz rapporte que Vincenc Kramář, théoricien tchèque du cubisme, a été un de ses premiers fans et un des grands collectionneurs de son œuvre. Une année avant sa mort, il a légué ses collections d’œuvres cubistes à la Galerie nationale, histoire de permettre aux collections nationales d’art moderne d’acquérir une dimension internationale.