Une loi sur le logement social pour fournir un toit aux sans-logis
Selon des données actualisées présentées à la Chambre des députés, il y aurait 30 000 personnes sans domicile en République tchèque et 100 000 autres menaceraient de le devenir. Dans un pays où il n’existe pas de concept de logement social, beaucoup espèrent que la mise en place d’un tel système, qui pourrait être fonctionnel à partir de 2017 selon le ministère du Travail et d’Affaires sociales, permettra de lutter efficacement contre ce problème.
L’assertion du prêtre évangéliste Miloš Rejchrt, qui participait récemment à une conférence sur les sans-abri, est confirmée par les chiffres et sur le terrain. En 2011, 11 500 personnes ont demandé une assistance pour obtenir un logement. A Plzeň, les sans-logis seraient au nombre de 400, deux fois plus qu’il y a dix ans. Džemal Gërbani, qui y dirige le centre d’accueil Saint-François, en fait l’amer constat :
« Nous avons une proportion d’étrangers plus importante. Il s’agit principalement de citoyens slovaques. Ils représentent jusqu’à 25% de notre clientèle. Ensuite, le nombre de jeunes augmente également parmi les sans-logis, tout comme le nombre de seniors. »
Dans les rues, les sans-abri seraient également de plus en plus exposés à des risques d’agression. Les autorités tchèques en recensent désormais une centaine chaque année, des chiffres qui ne reflètent en rien la réalité, puisque basés uniquement sur les violences ayant fait l’objet d’un signalement. Cofondateur et directeur de l’organisation caritative Naděje, Ilja Hradecký développe :
« Ces dix dernières années, j’ai relevé de nombreuses attaques physiques contre les sans-abri. La plupart du temps, cela part de toutes petites choses mais ces attaques ont parfois causé la mort de ces personnes. »La coalition gouvernementale de Bohuslav Sobotka compte largement sur l’adoption d’une loi sur le logement social, dans les cartons ministériels depuis plus de dix ans, pour faire face à ce problème. Il s’agit également de respecter la Charte des droits fondamentaux, qui prévoit que l’Etat garantisse le droit au logement. Le sociologue Štěpán Ripka, membre de la Plateforme pour le logement social, explique ce que recouvre ce concept :
« Le logement social est défini comme un logement qui bénéficie d’un soutien financier public, dont le loyer est plus faible que le prix du marché, et qui est attribué sur la base de critères sociaux. Il n’y a pas de mise en concurrence entre les locataires. C’est souvent le cas actuellement pour des logements normaux, qui peuvent être loués au particulier qui va proposer la somme d’argent la plus conséquente. »
Après l’entrée en application de cette loi prévue en janvier 2017, 500 000 personnes pourraient bénéficier progressivement d’un logement à un loyer abordable. Pour cela, la ministre du Travail et des Affaires sociales, la sociale-démocrate Michaela Marksová, entend obliger les communes à garantir un quota de logements sociaux sur leur territoire, sur le modèle notamment de la loi SRU en France.
La proposition de loi table pour l’heure sur un pourcentage de 5%, un paramètre qui doit encore être négocié. Car même si les municipalités doivent recevoir une aide financière de l’Etat, elles voient d’un très mauvais œil ce seuil obligatoire. Président de l’association des villes et communes de République tchèque, Dan Jiránek estime aujourd’hui qu’il existe un demi-million de logements inutilisés dans le pays et que, plutôt que d’en construire de nouveaux, il conviendrait de rénover ceux existants. Michaela Marksová réplique que ce désaccord doit faire l’objet de discussions mais qu’il ne faut pas pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain. Un bébé législatif qui devrait être à l’étude des parlementaires tchèques dès l’année prochaine.