Une plateforme dissidente pour renouveler la social-démocratie
Le départ de Stanislav Gross et la convocation d'un congrès extraordinaire du parti social-démocrate, tout cela dans un esprit de refonte et de rénovation, telles sont les propositions d'une plateforme de contestataires au sein du même parti. S'ils soulèvent de vrais problèmes internes, leur voix peine néanmoins à se faire entendre.
Ils font figure de trublions et d'agitateurs au sein du CSSD, le parti social-démocrate tchèque, la formation majoritaire de la coalition gouvernementale au pouvoir, en tout cas aux yeux de la plupart des membres du parti. Une fraction de sociaux-démocrates dissidents, bien que minoritaire en nombre, fait régulièrement parler d'elle avec son programme de « renaissance pour la social-démocratie ». Créée en juin 2004, après l'échec retentissant du CSSD aux élections européennes, qui avait provoqué la démission du Premier ministre de l'époque, Vladimir Spidla, cette plateforme regroupe les partisans d'un « grand coup de balais » à l'intérieur du parti. Déjà à l'époque, après le coup de grâce électoral qu'avaient représenté les élections européennes pour le parti, ils avaient manifesté haut et fort la nécessité de convoquer dans les plus brefs délais un congrès extraordinaire, sorte de « thérapie de groupe » pour, selon eux, le sortir de sa léthargie et de son incapacité à retrouver une confiance auprès des électeurs.
Le congrès n'avait alors pas eu lieu, et aujourd'hui, la plateforme revient à la charge, jugeant plus que nécessaire sa convocation, d'autant plus après la grave crise gouvernementale qu'a provoqué le scandale autour des biens immobiliers de Stanislav Gross, ex-premier ministre, remplacé début mai par Jiri Paroubek. Si Stanislav Gross n'est plus guère visible ces derniers temps, et pour cause, il reste néanmoins à la tête de la social-démocratie, où, en dépit du scandale, il avait été réélu en mars. Pour les activistes de la plateforme qui avaient déjà contesté le choix de Gross pour remplacer Vladimir Spidla, hormis la nécessité de remanier en profondeur le parti, ce sont des changements au sein de la direction du parti qui constituent un point essentiel et incontournable, et en premier lieu le départ de Stanislav Gross. Sa fonction de chef du parti, diminuerait, selon eux, les chances de gagner les prochaines élections législatives de 2006.
Depuis que Jiri Paroubek est devenu Premier ministre, la cote de popularité de la social-démocratie est sans précédent par rapport à la situation catastrophique de ces derniers mois, avec 33% des Tchèques qui jugent positivement le travail du gouvernement contre 17% en mai. La plateforme a d'ailleurs déclaré le soutenir et être satisfaite de la qualité de travail du nouveau cabinet ministériel. De plus en plus de voix s'élèvent pour que ce soit ce même Paroubek qui amène le parti aux éléctions législatives, et Stanislav Gross s'est également exprimé en ce sens.Précisons, toutefois, que si la plupart des membres du CSSD et les leaders régionaux du parti s'accordent pour reconnaître les qualités de Jiri Paroubek, ils refusent les critiques de fond de la plateforme, et estiment que ni un congrès extraordinaire, ni la démission de Stanislav Gross ne sont nécessaires à la bonne marche du parti.