Une police trop tolérante

La police tchèque est critiquée pour son attitude vis-à-vis d'un concert des groupes néonazis ayant eu lieu samedi dans un village près de Prague. Vaclav Richter.

Déjà dans l'après-midi de samedi dernier, des skinheads commencent à se rassembler à la Gare principale de Prague. Cette activité n'échappe ni à la surveillance de la police ni à l'attention des médias. Vers la fin de la journée, 400 crânes rasés tchèques, slovaques, polonais et allemands se rendent dans le village de Senohraby près de Prague où commence, à 19 heures, un concert de groupes néonazis. La police investit tout le village mais ne pénètre pas dans la salle de concert. Selon le porte-parole de la police, Sona Budska, il s'agirait d'une manifestation privée et la police ne disposerait pas de moyens légaux pour intervenir. Malgré les symboles nazis sur les vêtements de certains participants et quelques bras levés pour saluer à la manière des nazis, les policiers se limitent au rôle d'observateurs. Le concert se termine dimanche au petit matin. Difficile à dire ce qui s'est passé dans la salle. La conclusion officielle de la police: tout s'est passé dans le calme. La symbolique nazie et le caractère intolérable de la manifestation n'échapperont cependant pas aux médias. On attire l'attention sur le fait que déjà le tract invitant les skinheads à participer au concert présente un caractère raciste. Des voix se lèvent pour dire que ce n'est pas la première fois que la police se montre si tolérante vis-à-vis du mouvement néonazi. On porte plainte contre les organisateurs du concert. Face à cette critique, le ministre de l'Intérieur, Stanislav Gross, décide d'agir. "Je prendrai des mesures pour qu'une telle situation ne se répète plus, dit-il aux journalistes. Je pense que les officiers de police doivent avoir la volonté d'assumer leur responsabilité et décider des interventions de ce genre." Le ministre rencontrera, mercredi, le président de la police, Jiri Kolar, et les directeurs des préfectures de police pour se pencher sur cette affaire.