Une Symphonie des cloches marque le début d’une année culturelle à Plzeň

Plzeň, photo: ČTK

Plzeň capitale européenne de la culture 2015, ce sont 600 événements, parmi lesquels du cirque nouveau, un festival de mapping vidéo (projection illusionniste), une grande exposition consacrée à Jiří Trnka, cinéaste d’animation originaire de la ville, ou encore les célébrations du 70e anniversaire de la libération de la ville par l’armée américaine. Après Prague en 2000, Plzeň est à son tour officiellement devenue, samedi, la capitale européenne de la culture, en compagnie de Mons en Belgique. Radio Prague était présente à la cérémonie d’inauguration intitulée « La Symphonie des cloches » :

Plzeň,  photo: ČTK
Après cinq années de préparations, la cérémonie d’inauguration avait pour objectif d’impressionner, mais pas seulement. Il s’agissait aussi de rappeler les moments historiques clés et de présenter les plus grandes personnalités originaires de Plzeň. 25 000 personnes étaient présentes sur la place principale et dans les rues adjacentes pour assister au spectacle. Sur les airs de la musique composée spécialement pour l’occasion par Marko Ivanovič, le programme long d’une heure a combiné des projections sur deux toiles géantes, des effets son-et-lumière, un numéro de funambule et un spectacle de danseurs et acrobates.

Jan Hrdlička, de la société 3dsense, est un des auteurs des projections illusionnistes qui ont animé les façades des maisons et de la cathédrale. C’était ni plus ni moins le plus grand mapping vidéo jamais proposé en République tchèque :

Plzeň,  photo: ČTK
« Le mapping vidéo fait partie de l’ensemble de La Symphonie des cloches, même s’il en est, c’est vrai, une des composantes les plus importantes. Pour la réalisation, notre peintre Josef Lepša a collaboré avec le directeur artistique Petr Forman. Ils se sont basés sur une grande quantité de documents d’archives pour en retenir une vingtaine de minutes qui sont projetées sur deux toiles. C’est là qu’intervient notre travail. Nous complétons l’histoire qui se déroule sur les toiles par des projections illusionnistes sur les façades des maisons. Nous reconstituons également le grand feu de la cathédrale. Ce projet nous a beaucoup plu car nous aspirons à faire du mapping vidéo autre chose qu’un simple show permettant de ‘détruire’ et ‘reconstruire’ des bâtiments sous les yeux des spectateurs. Ici à Plzeň, nous sommes les témoins d’un très bel exemple de ce que peut être le mapping vidéo lorsqu’il est relié à d’autres éléments. »

« La Symphonie des cloches » s’est achevée sur les premiers coups des nouvelles cloches installées dans la cathédrale-Saint-Barthélemy, et ce après 70 longues années de silence. Issu d’une famille de fondeurs des cloches, leur créateur Petr Manoušek était sur place pour les faire sonner :

Petr Manoušek,  photo: Lucie Drechselová
« Les cloches de la cathédrale de Plzeň ont été détruites au moins quatre fois, mais cela n’a rien d’exceptionnel. Les cloches ont toujours été victimes des réquisitions lors des guerres, elles étaient fondues pour fabriquer des armes. Selon les comptes que j’ai faits avec mon père, environ 12 000 cloches ont ainsi été détruites dans les pays tchèques rien qu’au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Seule la cloche Prokop, qui date de 1835, a été sauvegardée. Désormais, elle sera complétée par quatre autres cloches, dont le financement a été possible grâce à une collecte de dons auprès des habitants de la ville. Je pense qu’une nouvelle réquisition de guerre est peu probable. Ainsi, les cloches pourraient rester à la cathédrale pour leur durée de vie habituelle, qui est de mille ans. »

En plus d’attirer un plus grand nombre de touristes, le projet de capitale culturelle permet aux visiteurs étrangers d’apprendre à placer une ville sur une carte. Mais comment satisfaire les locaux ? Pour Petr Forman, dramaturge, marionnettiste et directeur artistique de Plzeň 2015, c’est un défi majeur :

David Dimitri,  photo: Chloé Fiancette
« La marque de capitale de la culture attire les gens. Son handicap est l’attitude des locaux vis-à-vis de ce titre. Les gens n’apprécient pas forcément de changer le monde dans lequel ils vivent. Mais c’est bien de se laisser inspirer. Nous invitons les gens à expérimenter le monde de la culture à quelques pas de chez eux. Ils peuvent également s’impliquer activement. Mais nous ne pouvons pas les forcer. J’ai confiance dans les institutions qui pourront motiver les gens à participer à la réalisation de cette année. »

Le titre de capitale européenne de la culture permet d’animer de façon inédite la vie communautaire dans une ville et plus généralement dans toute une région, et ce d’autant plus que la prochaine occasion pour la République tchèque ne se présentera plus avant 2028, quand des villes tchèque et française honoreront ensemble ce titre. Une raison de plus pour Radio Prague de s’intéresser tout au long de l’année à l’actualité dans la métropole de Bohême de l’Ouest. Dans les prochains jours, vous pouvez ainsi entendre et lire des interviews du fondeur de cloches Petr Manoušek ainsi que du funambule suisse David Dimitri.