UNESCO : l’art de la fabrication artisanale du verre inscrit au patrimoine culturel de l’humanité
En ajoutant, mercredi, la fabrication artisanale du verre à la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, l’UNESCO rend hommage à un savoir-faire ancestral dans plusieurs pays européens, parmi lesquels notamment la Tchéquie. Bien davantage qu’une tradition, les connaissances et techniques du travail du verre, qui s’enseignent encore dans plusieurs écoles, restent en effet bien vivantes en Bohême plus particulièrement.
Nombreux sont les visiteurs étrangers à repartir de leur séjour en Tchéquie avec un objet ou un bijou en verre en souvenir dans leurs bagages. Nombreux, aussi, sont les Tchèques à offrir un plat ou un vase en cristal lorsqu’ils voyagent à l’étranger et y sont accueillis chez l’habitant. Et dans les familles tchèques, rares sont les maisons où ne se trouve pas une vitrine avec, à l’intérieur, soignement exposés, un voire même parfois plusieurs services en verre finement taillé.
En Tchéquie, c’est une évidence, l’art du travail du verre est une tradition. Cela reste aussi un authentique savoir-faire qui continue de se transmettre aux jeunes générations puisqu’un réseau de dix écoles professionnelles spécialisées, lycées et collèges, et cinq universités proposent des formations spécialisées.
À la réflexion, il peut même sembler étonnant que la fabrication manuelle du verre n’ait pas été inscrite plus tôt au patrimoine mondial, peut-être même avant d’autres savoir-faire, moins marquants dans le patrimoine tchèque mais déjà présents, eux, sur la liste de l’UNESCO. Toutefois, en 2020 déjà, l’inscription de la production de « décorations artisanales de perles en verre soufflé pour le sapin de Noël » avait déjà été approuvée, preuve d’une première reconnaissance.
La candidature à une inscription de ce que la partie française participante appelle cette fois « Connaissances, techniques et savoir-faire du verre artisanal » ne relevait toutefois pas seulement d’une initiative tchèque. Outre cette dernière, l’ajout au patrimoine concerne en effet également cinq autres pays : la France, l’Allemagne, l’Espagne, la Finlande et la Hongrie.
Toutefois, comme l’explique Milada Valečková, directrice du Musée du verre et de la bijouterie à Jablonec nad Nisou, dans le nord de la Bohême, qui était à l’origine de la candiature tchèque au nom de l’ensemble de la communauté des verriers du pays, ce qui distingue la Tchéquie est le fait que beaucoup de techniques traditionnelles de production, de façonnage et de décoration du verre y restent pratiquées :
« Le plus compliqué [dans notre candidature commune] a été de convaincre les autres pays que nous devrions inscrire non seulement le soufflage du verre près du four, mais aussi toutes les autres techniques qui ont souvent disparu chez eux mais qui continuent de se développer en Tchéquie. Je pense à des techniques comme le travail au chalumeau, le soufflage des décorations de Noël ou la production de perles, mais aussi aux techniques pour le façonnage à froid puisque le verre peut être décoré avec une molette ou par gravure, il faut le polir et il peut être peint ou décoré à l’argent ou à l’or. C’est tout cela et d’autres choses encore que nous sommes parvenus à faire inscrire sur la liste et nous en sommes très heureux. »
En Tchéquie, aujourd’hui encore, plus de 5 000 verriers (souffleurs, tailleurs, graveurs, peintres, fabricants de bijoux) travaillent dans des centaines de verreries et d’ateliers, notamment familiaux. La communauté de la production verrière compte également quelque 200 artistes verriers et bijoutiers.
Si la production verrière artisanale et traditionnelle, qui consiste à façonner et à décorer du verre à chaud ou à froid, est présente dans tout le pays, les principaux centres de savoir-faire sont situés dans les régions de Vysočina, de Zlín, de Karlovy Vary ou encore de Žďár nad Sázavou, et, plus encore, de Liberec, centre historique de la production verrière. C’est là, tout au nord de la Bohême, que se trouve ce qui est appelé « La Vallée de cristal », un lieu fascinant que Radio Prague International vous a déjà fait découvrir.
La Tchéquie compte ainsi désormais neuf inscriptions sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. La première coutume tchèque à avoir été inscrite était la danse folklorique appelée « verbuňk » en 2005, et la dernière, jusqu’à mercredi donc, était la tradition dite du radelage, un mode de trasnport qui consiste à faire flotter du bois sur les rivières.