Union budgétaire européenne : le gouvernement encore hésitant, Karel Schwarzenberg s’irrite

Karel Schwarzenberg

Alors que le président du Conseil européen a déclaré, lundi, espérer finaliser les discussions politiques sur le pacte budgétaire européen d'ici fin janvier, le gouvernement tchèque continue d’hésiter sur la position à adopter. La question de savoir si la République tchèque signera ce nouveau traité européen, qui doit aider la zone euro à sortir de la crise de la dette, reste donc en suspens. Cette incertitude irrite le ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, qui a menacé de quitter la coalition gouvernementale si la République tchèque décidait de ne pas abandonner sa souveraineté budgétaire.

Photo illustrative: Barbora Němcová
En affirmant déjà à la fin de l’année dernière que « la République tchèque ne peut pas se permettre de rester isolée en Europe », Karel Schwarzenberg avait été le premier membre d’un gouvernement divisé à se prononcer clairement et publiquement en faveur d’une contribution tchèque au plan de sauvetage de la zone euro.

Un mois plus tard, tandis que les choses n’ont guère évolué, le ministre des Affaires étrangères, qui est aussi le leader du parti Top 09, l’une des trois formations de la coalition, a une nouvelle fois confirmé sa conviction dans un entretien publié ce jeudi par le quotidien Lidové noviny. Karel Schwarzenberg menace désormais de quitter le gouvernement si la République tchèque n’intègre pas sans conditions la nouvelle union budgétaire européenne et si elle n’abandonne pas sa souveraineté budgétaire pour la transférer vers les institutions européennes. « Je ne siègerai pas dans un gouvernement menant la République tchèque en dehors du principal courant d’intégration européenne. Etre à la table des négociations et participer aux décisions fondamentales qui nous influenceront fortement est pour nous d’un intérêt vital », a notamment déclaré dans le journal Karel Schwarzenberg, qui a en outre rappelé que l’économie tchèque était complètement dépendante de l’UE, qui absorbe 80 % de sa production.

Karel Schwarzenberg
Hésitant donc, le gouvernement tchèque ne dispose plus toutefois que de peu de temps pour se décider. Lundi, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et le président français Nicolas Sarkozy ont fait savoir que le Pacte budgétaire devrait être finalisé d’ici à fin janvier pour être signé le 1er mars.

En attendant, cette affaire constitue la deuxième crise au sein de la coalition gouvernementale en l’espace de quelques jours. En début de semaine, le parti Affaires publiques avait déjà remis en cause son unité en refusant tout d’abord d’approuver le projet de restitution des biens confisqués par l’Etat sous le régime communiste aux Eglises du pays. Finalement, le projet a bien été approuvé mercredi. Cette fois, toutefois, les choses pourraient se passer un peu différemment, comme s’en est exaspéré le président Václav Klaus :

Václav Klaus
« Tout cela me gêne beaucoup et je pense ne pas être le seul. Des thèmes comme la restitution des biens aux Eglises, d’un côté, et le nouveau bouleversement radical et révolutionnaire dans l’UE en matière d’union fiscale, d’un autre côté, sont bien entendu des thèmes compliqués qui peuvent mener à des différends. Mais je pense que ces différends doivent être normaux, cultivés et standards. En tant que président de la République, je ne peux pas m’accommoder du fait qu’en l’espace de quelques jours, un parti politique menace de quitter le gouvernement. D’abord, si tous les partis de la coalition ne sont pas d’accord avec la restitution des biens aux Eglises, ensuite, si ce traité européen n’est pas signé. On ne peut pas faire de la politique de cette façon. Je pense qu’il est nécessaire de le faire très clairement savoir au parti TOP 09 et à monsieur Schwarzenberg en particulier. »

Opposé au Pacte budgétaire européen, le président tchèque a déjà envoyé une lettre au Premier ministre, Petr Nečas, dans laquelle il l’a averti qu’il ne signerait en aucun cas ce nouveau texte. Le chef du gouvernement ne s’est, lui, pas encore clairement prononcé sur le sujet. Petr Necas s’est pour l’heure contenté d’affirmer que si les conditions n’étaient pas acceptables pour la République tchèque, celle-ci pourrait très bien se ranger aux côtés de la Grande-Bretagne qui a refusé de se joindre à la solidarité européenne lors du sommet de décembre.