Vaccination des enfants : un thème toujours controversé dans la société tchèque
Faut-il ou ne faut-il pas vacciner ses enfants ? C’est une question que se posent de plus en plus de parents tchèques. Et bien que chaque enfant doive être obligatoirement vacciné contre neuf maladies, le nombre de ceux qui ne le sont pas ou ne le sont que partiellement augmente assez rapidement, selon la Société tchèque de vaccinologie.
« Je connais plusieurs parents qui sont venus me voir avant la naissance de leur enfant et m’ont toute de suite annoncé qu’ils ne voulaient pas le faire vacciner. »
Les familles concernées, qui s’exposent à une forte amende, saisissent de plus en plus souvent la justice. En janvier dernier, la Cour constitutionnelle a rendu pour la première fois un verdict en faveur des parents, en expliquant que la vaccination peut être refusée si elle est en contradiction avec l’état de santé de l’enfant, la religion de la famille ou, tout nouvellement, la conscience des parents qui protègent l’intérêt supérieur de l’enfant. Bien que très critiqué par le ministère de la Santé, le jugement a ensuite été confirmé par la Cour administrative suprême.
La semaine dernière, une décision similaire a été rendue par le Tribunal régional de Hradec Králové (Bohême de l’Est). Cette-fois, les parents avaient porté plainte contre une école maternelle qui avait refusé d’accueillir leurs deux filles parce que celles-ci n’étaient pas vaccinées, comme l’explique Zuzana Candigliota, l’avocate de la Ligue des droits de l’homme qui a défendu la cause des deux familles :« Il s’agit d’une famille qui a trois filles. L’aînée a souffert d’effets indésirables provoqués par le vaccin qui ont entraîné des problèmes chroniques de santé. C’est pourquoi les parents ont préféré ne pas vacciner leurs deux autres filles. Le tribunal a confirmé qu’il fallait tenir compte de ces considérations de santé. »
Même si Zuzana Candigliota ajoute que cette décision ne représente qu’une exception à la règle, le ministère de la Santé voit néanmoins dans ces verdicts l’acceptation d’une tendance plus générale. Celle-ci pourrait, d’après ses opposants, réduire l’importance de la vaccination obligatoire et menacer ainsi l’ensemble de la société. Cet avis est défendu également par Hana Cabrnochová, la vice-présidente de la Société tchèque de vaccinologie :
« Environ 10% des enfants en République tchèque ne sont absolument pas vaccinés ou ne possèdent tous les vaccins obligatoires. A l’heure actuelle, il y a même moins de 90% des enfants qui ont été vaccinés en deux fois contre la rougeole, la rubéole ou les oreillons. Pourtant, la vaccination assure une immunité collective. Cela signifie qu’elle protège non seulement les enfants vaccinés, mais aussi ceux qui n’ont pas pu être vaccinés pour des raisons graves. »Par ailleurs, selon certains experts de la Société tchèque de pédiatrie, des expériences menées dans différents pays confirment que la liberté de vacciner s’accompagne souvent de la réapparition d’infections considérées jusque-là comme disparues.
Afin de faire évoluer l’opinion publique et motiver davantage les parents à vacciner leurs enfants, le ministère envisage de lancer une campagne d’information à laquelle certaines caisses d’assurance maladie pourraient participer. Mais cette campagne permettra-t-elle de dissuader les partisans d’une liberté de vaccination totale, qui existe déjà en Allemagne, en Autriche, en Irlande et dans d’autres pays occidentaux ? C’est là une question dont on entendra très certainement encore parler…