Vaclav Havel à la rencontre des étudiants pragois

Vaclav Havel au rendez-vous avec les étudiants de l'Université Charles à Prague, photo: CTK

Alors que les célébrations des quinze ans de la chute du régime communiste approchent de leur paroxysme, lundi soir, l'ancien président de la République tchèque, Vaclav Havel, avait rendez-vous avec les étudiants de l'Université Charles à Prague.

Vaclav Havel au rendez-vous avec les étudiants de l'Université Charles à Prague,  photo: CTK
Lundi soir, l'amphithéâtre de la Faculté de Philosophie de l'Université Charles de Prague était plus que bondée : près de 500 étudiants s'y étaient en effet rassemblés pour écouter et discuter avec Vaclav Havel du 17 novembre 1989, et quelque 700 autres jeunes gens ont même dû repartir « bredouille », faute de place. Aucun doute possible au son du tonnerre d'applaudissements : Vaclav Havel était plus que bienvenu, ce qu'il a lui-même reconnu avec surprise et émotion. Il a répondu aux questions des étudiants, à la fois sur les événements de novembre 1989 mais aussi sur quelques problèmes d'actualité.

Selon l'ancien fondateur du Forum civique, l'atmosphère de ces journées cruciales était celle d'une « soudaine cohésion générale, de solidarité, d'esprit de sacrifice », autant de sentiments qui, d'après lui, sont rares dans le pays, mais sommeillent cependant dans la société. A l'instar de nombreuses personnes, il trouve le terme de « Révolution de velours » impropre, ne serait-ce qu'en raison de l'intervention brutale de la Police d'Etat contre les manifestants pacifiques ce fameux 17 novembre. Il s'agirait en fait d'une appellation trouvée par un journaliste occidental, a-t-il précisé.

Parce que la grande histoire est souvent pavée de petites histoires, Vaclav Havel a également raconté comment est né son credo « la vérité et l'amour doivent triompher du mensonge et de la haine », très clairement inspirée de la devise que les Tchèques doivent au réformateur Jan Hus « la vérité vaincra ». En homme de lettres, il a raconté que le discours qu'il s'apprêtait à faire sur la place Venceslas, devait se terminer par un cri, et avoir un ton dramatique. Les étudiants semblent avoir particulièrement apprécié sa réponse au sujet de son expérience politique :

« Je sais bien que j'ai pu commettre des maladresses, mais heureusement personne ne les a remarquées. Quant aux erreurs que l'on me reproche depuis longtemps, je n'en ai pas fait tant que cela, ou alors ce sont des mythes. Mais j'en ai fait quelques unes... Peut-être qu'un jour, j'écrirai quelque chose à ce propos, au calme et de manière continue, si dieu ou des forces supérieures me le permettent... »

Les étudiants de l'Université Charles à Prague,  photo: CTK
Incroyable absurdité, qui veut qu'au seuil des célébrations de 15 ans de démocratie, le Parti communiste tchèque et morave, non-réformé, puisse encore trouver de nombreux adeptes, ce que les dernières élections ont démontré, et qu'en outre, de récents sondages expriment la volonté d'un Tchèque sur cinq de revenir à l'ancien régime. Cependant, pour l'ancien dissident, il ne s'agirait que d'« amis de l'ordre ancien » : d'après lui, la situation actuelle est incomparablement plus stable, ce qui constitue une force. Peu enclin à trop s'attarder sur l'actualité et redoutant que l'on prenne ses paroles pour des prêches, il a précisé que l'âge aidant, il était d'autant plus assailli de doutes sur lui-même.

Au vu des réactions chaleureuses de toute l'assemblée, nul doute que sa parole a encore et toujours du poids, même auprès de la jeune génération qui a grandi et mûri dans un pays démocratique.