Vaclav Havel à la rencontre des étudiants pragois
Alors que les célébrations des quinze ans de la chute du régime communiste approchent de leur paroxysme, lundi soir, l'ancien président de la République tchèque, Vaclav Havel, avait rendez-vous avec les étudiants de l'Université Charles à Prague.
Selon l'ancien fondateur du Forum civique, l'atmosphère de ces journées cruciales était celle d'une « soudaine cohésion générale, de solidarité, d'esprit de sacrifice », autant de sentiments qui, d'après lui, sont rares dans le pays, mais sommeillent cependant dans la société. A l'instar de nombreuses personnes, il trouve le terme de « Révolution de velours » impropre, ne serait-ce qu'en raison de l'intervention brutale de la Police d'Etat contre les manifestants pacifiques ce fameux 17 novembre. Il s'agirait en fait d'une appellation trouvée par un journaliste occidental, a-t-il précisé.
Parce que la grande histoire est souvent pavée de petites histoires, Vaclav Havel a également raconté comment est né son credo « la vérité et l'amour doivent triompher du mensonge et de la haine », très clairement inspirée de la devise que les Tchèques doivent au réformateur Jan Hus « la vérité vaincra ». En homme de lettres, il a raconté que le discours qu'il s'apprêtait à faire sur la place Venceslas, devait se terminer par un cri, et avoir un ton dramatique. Les étudiants semblent avoir particulièrement apprécié sa réponse au sujet de son expérience politique :
« Je sais bien que j'ai pu commettre des maladresses, mais heureusement personne ne les a remarquées. Quant aux erreurs que l'on me reproche depuis longtemps, je n'en ai pas fait tant que cela, ou alors ce sont des mythes. Mais j'en ai fait quelques unes... Peut-être qu'un jour, j'écrirai quelque chose à ce propos, au calme et de manière continue, si dieu ou des forces supérieures me le permettent... »
Incroyable absurdité, qui veut qu'au seuil des célébrations de 15 ans de démocratie, le Parti communiste tchèque et morave, non-réformé, puisse encore trouver de nombreux adeptes, ce que les dernières élections ont démontré, et qu'en outre, de récents sondages expriment la volonté d'un Tchèque sur cinq de revenir à l'ancien régime. Cependant, pour l'ancien dissident, il ne s'agirait que d'« amis de l'ordre ancien » : d'après lui, la situation actuelle est incomparablement plus stable, ce qui constitue une force. Peu enclin à trop s'attarder sur l'actualité et redoutant que l'on prenne ses paroles pour des prêches, il a précisé que l'âge aidant, il était d'autant plus assailli de doutes sur lui-même.Au vu des réactions chaleureuses de toute l'assemblée, nul doute que sa parole a encore et toujours du poids, même auprès de la jeune génération qui a grandi et mûri dans un pays démocratique.