Václav Klaus lance un appel au réalisme politique et à la responsabilité sociale

Václav Klaus, photo: CTK

La tradition veut que les Présidents tchèques prononcent au seuil de l’année un discours sur la situation et les problèmes de la société et les défis qu’elle devra relever. Le Président Václav Klaus a profité de son discours du ler janvier 2012 pour mettre en garde contre les attentes irréalistes dans l’économie et pour attirer l’attention sur le climat maussade dans la société tchèque. Il a également lancé un appel à l’accélération des réformes économiques et sociales.

Václav Klaus,  photo: CTK
Selon Václav Klaus, malgré le pessimisme général, la situation de la République tchèque au seuil la Nouvelle année n’est pas mauvaise :

« La douzième année du XXIe siècle ne sera probablement pas des plus faciles. Nous ne devons cependant pas perdre le calme, la résolution et l’élan. En ce qui concerne les paramètres fondamentaux, notre république est stable sur les plans politique et économique. Nous ne vivons pas dans un pays en faillite ou au bord de la faillite. »

Nous sommes donc dans une meilleure situation que beaucoup de pays européens et pourtant, d’après Václav Klaus, le moral de la société tchèque est très bas :

« Le pire est que nous continuons à aggraver encore l’atmosphère déjà mauvaise de la société. Nous créons un climat de méfiance mutuelle intense, et, pour des raisons de prestige politique, nous bloquons même les mesures qui doivent absolument être prises, ce que tout le monde sait. »

Et le président de constater, sans donner d’exemples concrets, que dans la société tchèque, il y a des groupes de pression qui refusent de comprendre qu’on ne peut pas obtenir des avantages au détriment des autres. Les milieux politiques doivent éviter, selon Václav Klaus, de donner des promesses populistes et irréalisables dans le cadre des prochaines campagnes électorales. Toutes les forces de la société doivent être mobilisées :

« Le succès ou l’échec dépend de chacun de nous et aussi du fonctionnement de notre système économique et social. Ce système a besoin de nouvelles réformes. Si nous ne voulons pas subir des conséquences vraiment douloureuses, nous devons réaliser ces réformes le plus vite possible. »

Václav Klaus a également évoqué dans son discours le legs de Václav Havel, son prédécesseur à la fonction présidentielle disparu le 18 décembre dernier.

Petr Nečas et Václav Klaus,  photo: CTK
Les réactions de la classe politique au discours présidentiel ont été plutôt mitigées mise à part celle, très positive, du premier ministre Petr Nečas. Ce dernier a apprécié le réalisme du Président, son rejet de l’optimisme infondé et des fausses promesses des hommes politiques mais aussi des rumeurs alarmantes sur le prochain cataclysme économique. Il s’est également joint à l’appel de Václav Klaus à la responsabilisation de chacun et au soutien à tous ceux qui travaillent avec application et talent. Bohuslav Sobotka, chef du Parti social-démocrate, formation principale de l’opposition, voit cependant d’autres raisons à la morosité actuelle de la société tchèque:

Bohuslav Sobotka
« Je pense que cette mauvaise atmosphère dans la société n’est pas due à la déception provoquée par notre adhésion à l’Union européenne, comme le prétend le Président Václav Klaus, mais qu’elle est la conséquence de la situation à l’intérieur du pays. Le gouvernement de droite en place n’a pas tenu ses nombreuses promesses, il a agi avec arrogance et n’est pas capable de chercher un consensus social plus large sur certaines de ses supposées réformes. »

La presse tchèque constate en général que les opinions du président ont été cette fois-ci moins controversées que dans ses allocutions précédentes et déplore l’absence dans ce discours d’une idée originale ou d’une vision de l’avenir.