Vague de protestations après la condamnation des Pussy Riot
Les trois punks du groupe russe Pussy Riot, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Maria Alekhina, 24 ans et Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, ont été condamné vendredi à deux ans de colonie pénitentiaire après avoir été reconnus coupables de « hooliganisme » et d’« incitation à la haine religieuse ». Depuis vendredi, des protestations internationales se font entendre condamnant l’autoritarisme de Vladimir Poutine et réclamant la libération des trois jeunes femmes ; des protestations qui viennent aussi de République tchèque, où des happenings et des concerts étaient organisés pour dénoncer un verdict considéré par certains comme disproportionné, pour beaucoup comme un non-sens et une injustice.
« Ces filles sont simplement vraiment formidables. J’apprécie vraiment ce dont pour quoi elles ont du courage. »
Une initiative citoyenne, Free Pussy Riot Czech, a par ailleurs été créée. Active dans plusieurs villes, elle a lancé plusieurs marches de soutien et propose de signer une pétition patronnée par Amnesty International ou encore d’envoyer des carnets de protestations à l’ambassade de Russie. A Plzeň, des actions sont menées dans le cadre du festival d’art de rue « Živá ulice ». L’un des organisateurs de cette action, Roman Černý, fait part de sa stupeur suite à l’énoncé du verdict :« Je pense que même deux ans c’est beaucoup trop. Je veux dire que c’est tout simplement un non-sens. Il est vrai que par rapport à la peine de sept années qui était requise, c’est mieux mais quand je pense que pour une simple chanson, une chanson qui était politique, on donne deux ans dans une sorte de pénitencier, de camp de travail, je me dis que c’est quelque chose qui n’appartient pas au contexte européen. »
Pour certains en République tchèque, la situation rappelle l’arbitraire du régime communiste, régime qui, notamment pendant la période de « normalisation » qui a suivi les événements de 1968, réprimait parfois très sévèrement les concerts non autorisées. Le légendaire groupe underground Plastic People of the Universe en a fait les frais. Vratislav Brabenec, le saxophoniste du collectif raconte :« Il nous est arrivé la même chose l’année 1976 car on avait aussi, on va dire, déconné. Et au final, ce qui nous a sauvés est le fait que le monde a commencé à donner de la voix. »
A l’époque les membres du groupe furent condamnés pour « perturbation organisée de la paix » et la mobilisation qui suivit ces événements déboucha sur la Charte 77, pétition signée par diverses personnalités dont Václav Havel et devenue le symbole de la dissidence. Ces faits trouvent encore un écho aujourd’hui et expliquent la tenue, la semaine dernière au Lucerna Music Bar, d’un concert de soutien aux trois punks de Pussy Riot. A l’affiche de cette soirée intitulée « Ça y est, ils enferment à nouveaux les musiciens. », plusieurs formations, dont les Plastic People of the Universe évidemment, et celle inclassable et incontournable des Už jsme doma, ont témoigné de la solidarité de la scène alternative tchèque pour son équivalent russe.
Ce lundi les jeunes femmes ont déclaré qu’elles ne demanderaient pas la grâce présidentielle à l’homme qui est, selon elles, la cause même de leur condamnation. Si elle devait effectuer l’intégralité de leur peine, elles ne seraient libres qu’en mars 2014.