Vera Caslavska
Vera Caslavska, septuple championne olympique, à quatre reprises championne du monde, onze fois championne d'Europe et élue meilleure sportive du monde en 1968, est considérée comme l'une des reines de la gymnastique mondiale. La signature de la pétition des «2000 mots », défi adressé aux artistes, fonctionnaires, scientifiques et agriculteurs, lui vaudra une exclusion absolue de la vie sociale et sportive. V. Caslavska, le drame d'une vie !
En 1959, V. Caslavska est sacrée championne d'Europe à lapoutre. Puis, en dix ans, s'ensuivent des médailles d'or aux championnats d'Europe, du monde et aux Jeux Olympiques de Rome, Tokyo et de Mexico. A Tokyo, V. Caslavska aura l'honneur de recevoir l'épée des guerriers samouraïs, pour un contrôle de soi absolu, manifesté après une chute aux barres asymétriques. Au pays des aztèques, elle ramassera quatre médailles d'or. V. Caslavska fascine le public tant aux barres asymétriques, qu'au saut ou aux exercices au sol. Après les Jeux olympiques de 1968, la gymnaste met fin à sa carrière de sportive pour se consacrer au métier d'entraîneuse. Elle épouse le coureur Jozef Odlozil dont elle aura deux enfants : Radka et Martin. Là, elle ignore encore l'ombre menaçante qui s'abattra sur les prochaines vingt années de sa vie.
En 1968, V. Caslavska exprime ouvertement son désaccord à l'invasion de l'armée soviétique en signant la pétition des «2000 mots » et boucle ainsi sa carrière sportive. Déclarée indésirable, la célèbre gymnaste n'est pas autorisée à sortir du pays. L'étau du destin se resserre ! Elle ne peut pas terminer ses études à la faculté de sport et de l'éducation physique, et ne trouve pas de travail pendant plus de cinq ans. Ce n'est qu'en 1974 qu'elle peut travailler comme entraîneuse au Centre de sport de haut niveau Sparta - Praha, grâce à l'intervention de quelques amis fidèles. Pourtant, les propositions de l'étranger ne manquent pas. Les Japonais et les Américains désirent tourner un film sur elle, mais le gouvernement communiste ne consent à la laisser sortir du pays qu'à condition de rétracter ses opinions sur l'invasion soviétique. Caslavska refuse ! M. Portillo, président du Mexique, réussira dans le cadre des accords intergouvernementaux à lui frayer un passage au-delà de la frontière socialiste. Au Mexique, Vera Caslavska assumera la fonction d'expert en gymnastique. Au retour, elle travaillera au Centre de documentation de l'Association tchécoslovaque de l'éducation physique, avec Emil Zatopek.Dans les années quatre-vingt, la célèbre gymnaste vivra une tragédie familiale. Son frère Vaclav meurt prématurément à l'âge de trente-trois ans, à cause de ses convictions politiques. La mort de son père, qui n'assumera pas le choc, suivra presque aussitôt. Le décès de sa mère survient une année après le drame. Coup dur, loin d'être le dernier ! La favorite des spectateurs des Jeux olympiques au Mexique, réapparaîtra en public en 1989 au cours de la Révolution de velours et deviendra conseillère du président Vaclav Havel.
Dans les années quatre-vingt-dix, le fils de Vera Caslavska tuera par accident son père, mari de l'ex-championne, et sera condamné pour homicide involontaire. Plus tard, il sera grâcié par Vaclav Havel. Le coeur brisé et à bout de force, elle se retirera de la vie publique.