Vera Caslavska

Vera Caslavska

Vera Caslavska, septuple championne olympique, à quatre reprises championne du monde, onze fois championne d'Europe et élue meilleure sportive du monde en 1968, est considérée comme l'une des reines de la gymnastique mondiale. La signature de la pétition des «2000 mots », défi adressé aux artistes, fonctionnaires, scientifiques et agriculteurs, lui vaudra une exclusion absolue de la vie sociale et sportive. V. Caslavska, le drame d'une vie !

Vera Caslavska | Photo: http://afbeeldingen.gahetna.nl/ Wikimedia Commons,  CC BY-SA 3.0 NL
Née le 3 mai 1942 à Prague, V. Caslavska passe son enfance dans un minuscule appartement qu'elle partage avec ses parents et ses quatre frères et soeurs. Sa mère, grande amatrice de musique, écoute souvent des airs d'opéra ou des morceaux de compositeurs classiques. Et la petite Verouchka bouge au son de la musique ! Dès l'âge de trois ans, la future gymnaste suit des cours de danse avec ses soeurs aînées. La danse lui plaît, mais pour elle, ce n'est pas vraiment une passion. Le gymnase et le stade l'attirent beaucoup plus. Très vite, Vera passe au patinage artistique. Elle a tout pour devenir une reine de la glisse. La fillette progresse rapidement et le succès ne tarde pas à venir. Elle se manifeste en solo dans les revues sur glace pour enfants, gagne le championnat régional des cadettes. Mais une grave blessure au visage mettra prématurément fin à une carrière prometteuse de patineuse artistique. V. Caslavska se lance dans une autre discipline : la gymnastique. A quinze ans, elle rencontre Eva Bosakova, la gymnaste légendaire de l'époque. L'illustre sportive se rend immédiatement compte du talent de Vera et se charge d'entraîner ce corps souple. Quelques mois plus tard, Vera fait partie de l'équipe nommée pour le concours international République tchèque - Belgique. Un an plus tard, la gymnaste ramène une médaille d'argent d'URSS. L'enfance et la jeunesse de Vera sont très différentes de celle des jeunes de son âge. Ses journées sont très chargées. L'entraînement suit les heures de classe. Elle passe des heures dans la salle de gymnastique à se perfectionner sur différents agrès. Par manque de temps, le cinéma, les expositions ou le théâtre restent des désirs irréalisables.

En 1959, V. Caslavska est sacrée championne d'Europe à lapoutre. Puis, en dix ans, s'ensuivent des médailles d'or aux championnats d'Europe, du monde et aux Jeux Olympiques de Rome, Tokyo et de Mexico. A Tokyo, V. Caslavska aura l'honneur de recevoir l'épée des guerriers samouraïs, pour un contrôle de soi absolu, manifesté après une chute aux barres asymétriques. Au pays des aztèques, elle ramassera quatre médailles d'or. V. Caslavska fascine le public tant aux barres asymétriques, qu'au saut ou aux exercices au sol. Après les Jeux olympiques de 1968, la gymnaste met fin à sa carrière de sportive pour se consacrer au métier d'entraîneuse. Elle épouse le coureur Jozef Odlozil dont elle aura deux enfants : Radka et Martin. Là, elle ignore encore l'ombre menaçante qui s'abattra sur les prochaines vingt années de sa vie.

Vera Caslavska | Photo: Ron Kroon / Anefo,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 3.0 NL
En 1968, V. Caslavska exprime ouvertement son désaccord à l'invasion de l'armée soviétique en signant la pétition des «2000 mots » et boucle ainsi sa carrière sportive. Déclarée indésirable, la célèbre gymnaste n'est pas autorisée à sortir du pays. L'étau du destin se resserre ! Elle ne peut pas terminer ses études à la faculté de sport et de l'éducation physique, et ne trouve pas de travail pendant plus de cinq ans. Ce n'est qu'en 1974 qu'elle peut travailler comme entraîneuse au Centre de sport de haut niveau Sparta - Praha, grâce à l'intervention de quelques amis fidèles. Pourtant, les propositions de l'étranger ne manquent pas. Les Japonais et les Américains désirent tourner un film sur elle, mais le gouvernement communiste ne consent à la laisser sortir du pays qu'à condition de rétracter ses opinions sur l'invasion soviétique. Caslavska refuse ! M. Portillo, président du Mexique, réussira dans le cadre des accords intergouvernementaux à lui frayer un passage au-delà de la frontière socialiste. Au Mexique, Vera Caslavska assumera la fonction d'expert en gymnastique. Au retour, elle travaillera au Centre de documentation de l'Association tchécoslovaque de l'éducation physique, avec Emil Zatopek.

Dans les années quatre-vingt, la célèbre gymnaste vivra une tragédie familiale. Son frère Vaclav meurt prématurément à l'âge de trente-trois ans, à cause de ses convictions politiques. La mort de son père, qui n'assumera pas le choc, suivra presque aussitôt. Le décès de sa mère survient une année après le drame. Coup dur, loin d'être le dernier ! La favorite des spectateurs des Jeux olympiques au Mexique, réapparaîtra en public en 1989 au cours de la Révolution de velours et deviendra conseillère du président Vaclav Havel.

Dans les années quatre-vingt-dix, le fils de Vera Caslavska tuera par accident son père, mari de l'ex-championne, et sera condamné pour homicide involontaire. Plus tard, il sera grâcié par Vaclav Havel. Le coeur brisé et à bout de force, elle se retirera de la vie publique.