« Vigne divine », un livre tchèque sur le mariage des vins et des mets récompensé à Paris

Photo: L'Atelier

Les Tchèques savent faire du vin. Du bon vin, et même du très bon, si l’on s’en tient aux médailles que leurs viticulteurs remportent régulièrement dans les concours internationaux depuis quelques années. De même, pas moins de vingt-cinq vins essentiellement moraves sont répertoriés dans l’édition 2016 du guide de référence 1 000 vins du monde. Mais le vin, les Tchèques savent aussi en parler. La preuve avec la mention spéciale qui a été décernée la semaine dernière à Paris par l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) à Barbara Myšičková pour son livre « Božská réva » - « Vigne divine ». « Une célébration du vin et des plaisirs que le vin nous procure », a estimé le jury…

« Il y a en République tchèque une tradition viticole, des vraies compétences et des auteurs qui savent écrire et parler du vin ! »

Jean-Marie Aurand est enthousiaste à l’évocation de la République tchèque et de son vin. Et cette année, c’est une « Vigne divine » qui a enchanté le directeur général de l'OIV:

« Je me réjouis qu’un pays comme la République tchèque ait une mention spéciale. Pour l’OIV, il n’y a pas de grands et de petits pays producteurs. Il y a un ensemble de pays producteurs de vin, et la République tchèque compte parmi eux. La République tchèque est d’ailleurs bien représentée à l’OIV puisque le président de la sous-commission ‘Méthodes d’analyse’ est tchèque (Ondřej Mikeš, ndlr). Cela veut dire que même si on n’a pas une grande production comme des pays comme l’Italie, l’Espagne ou la France, on peut quand même être très actifs à l’OIV. Et puis cette mention spéciale couronne un ouvrage qui le mérite pleinement. L’OIV décerne des prix qui sont destinés à reconnaître tous les ouvrages qui parlent de viticulture, et ce dans différentes catégories. Il y a bien entendu les aspects technique et économique, mais aussi les aspects historique et culturel. »

Barbara Myšičková,  photo: LinkedIn de Barbara Myšičková
Douze prix et treize mentions spéciales de l’OIV ont été remis aux lauréats de cette édition 2016. Une de ces mentions spéciales a été attribuée à Barbara Myšičková dans la catégorie « Vins et mets ». Publié aux éditions divinemenu, cet ouvrage de 370 pages réunit plusieurs intervenants, sommeliers, chefs de cuisine et autres fromagers autour de différents repas. Tous sont alors invités à échanger à propos des choix possibles au niveau du dressage de la table, des plats et, bien entendu, des vins, comme le confirme l’auteure :

« J’ai sollicité des spécialistes de différents horizons et de différents domaines d’activité. Le livre est divisé en sept chapitres, et dans chaque chapitre, les gens sont réunis autour d’une table différente pour discuter et débattre d’un sujet. Mais maintenant, ma principale préoccupation est la distribution du livre. Il ne se vend pas dans les grandes librairies, on ne le trouve que là où on boit du vin et dans les petites librairies. Ce n’est donc pas une affaire d’argent, mais d’abord de plaisir. »

Les prix décernés par le jury de l’OIV, organisation intergouvernementale créée en 1924 qui œuvre dans les domaines scientifiques et techniques de l’ensemble de la filière vitivinicole, constituent une référence et une reconnaissance internationale dans le monde du vin. Adjoint au directeur général, Yann Juban explique pourquoi :

Photo: L'Atelier
« Cette année, nous avons eu un choix dense de livres avec 76 candidatures et quarante nominés. La sélection a donc été très difficile. Ce qui a concouru au succès de l’ouvrage de Barbara, c’est son originalité qui consiste à associer les mets et les vins. La construction du livre était originale, et c’est qui a plu les lecteurs du jury. Nous avons peu d’approches de cet aspect vin – gastronomie. Or, allier le vin et la cuisine, c’est important. Personnellement, j’ai la chance d’être déjà allé en Moravie à plusieurs reprises et de pouvoir y découvrir les vins, notamment le pálava qui est un cépage que j’adore. Et même si je ne parle pas tchèque, j’ai retrouvé dans ce livre, à travers ses photos et des illustrations qui sont superbes, un coup de cœur qui a été partagé par les membres du jury. Le livre a été évalué par des gens qui lisent le tchèque, notamment des professionnels du vin et des amateurs éclairés. Mais même si on ne partage pas la langue, on s’aperçoit, de par la construction de l’ouvrage, de sa valeur et de son approche didactique. »

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la « littérature viticole tchèque » est mise à l’honneur par l’OIV. Et Yann Juban sait très précisément de quoi il parle :

« Nous avons déjà eu des livres tchèques, notamment un sur le vin et la santé « Víno na zdraví » (de Milan Šamánek et Zuzana Urbanová) qui a été récompensé en 2011. Il y a donc une publication tchèque de qualité sur la vigne et le vin. »

Photo: Štěpánka Budková
Destiné d’abord à un lectorat tchèque intéressé par le mariage entre le vin et la gastronomie, « Božská réva » - « Vigne divine » comporte également une partie initiation sur les cépages, les travaux de la vigne et les principaux vignobles de France et d’Italie. Mais son auteure Barbara Myšičková n’a pas non plus oublié les producteurs moraves :

« Je ne pense pas que le livre contribuera à la promotion du vin ou des viticulteurs tchèques à l’étranger. Ils n’ont pas besoin de moi pour ça. En revanche, ce que montre ce livre, c’est que nous avons-nous aussi d’excellents professionnels qui possèdent un vrai savoir-faire. C’était l’idée de base de cet ouvrage, et je pense que nos viticulteurs n’ont rien à envier à leurs collègues étrangers, qu’ils soient français ou italiens. »

Ne manque désormais plus qu’une traduction du livre en français pour mieux s’en convaincre…

Pour vous faire une meilleure idée du contenu du livre : http://blog.latelier.cz/