Violences domestiques : les autorités ne sont plus impuissantes

A peine deux jours après son entrée en vigueur, le 1er janvier 2007, la nouvelle loi pour lutter contre les violences domestiques fut appliquée dans la région d'Usti nad Labem, au nord du pays. Elle permet à la police d'expulser l'agresseur du foyer pour une durée de dix jours. Une loi révolutionnaire, car jusqu'à présent, c'étaient les victimes de violences domestiques et non pas leurs auteurs qui étaient contraintes de quitter leur foyer.

En République tchèque comme ailleurs, le problème est récurrent. Dans les familles concernées, il passe souvent pour un secret bien gardé. Dans la société, il suscite parfois l'incompréhension ou, pire encore, l'indifférence. Quelques jours avant Noël, en plein centre de la ville de Brno, les journalistes d'un quotidien national ont mis en scène une dispute imaginaire entre une femme et son conjoint. La femme est giflée, agressée verbalement, elle pleure et crie à pleins poumons. Les passants s'arrêtent, commentent l'incident. Après une dizaine de minutes, quelqu'un intervient, enfin. C'est une femme...

Pourtant, depuis juin 2004, la violence domestique est ici un délit. Une enquête réalisée en 2006 par l'agence STEM révèle que 23% des Tchèques ont été confrontés au phénomène, en tant que victimes, agresseurs ou témoins. Quelque 13% des personnes interrogées, hommes et femmes, affirment avoir subi des violences physiques ou psychiques.

Epaulées par de nombreuses associations, notamment Rosa et Bily kruh bezpeci (Le Cercle blanc de sécurité), les victimes sont alors, dès le début de 2007, mieux protégées par l'Etat. Après avoir expulsé l'agresseur du foyer, la police doit prévenir un centre de crise contre la violence qui prendra immédiatement en charge la ou les victimes. Petra Vitousova du Cercle blanc de sécurité explique :

« C'est l'Autriche qui avait intégré, pour la première fois, ce concept dans sa législation, en 1997. L'année dernière, ce pays a dénombré plus de 4 000 cas d'expulsion. Mais dans 70% des familles concernées, un autre moyen a été trouvé pour résoudre la situation. »

A noter que l'association Rosa, par exemple, propose aux femmes victimes d'homicides des services d'assistance gratuits. Depuis 1998, plus de 200 femmes et enfants ont trouvé refuge dans son centre d'accueil, dont l'adresse est secrète. Enfin, depuis un mois, un ouvrage publié par Rosa circule dans les établissements scolaires du pays. Intitulé « Tu ne peux pas te le permettre », il a pour but de sensibiliser les adolescents aux maltraitances au sein du couple. Selon une étude menée par cette même association, un adolescent sur huit aurait vécu, lui-même, dans un climat familial de violence. Le scénario risque de se reproduire...