Vladimir Poutine à Prague et la « responsabilité morale » de la Russie vis-à-vis de l'invasion en 1968

Vladimir Poutine et Vaclav Klaus, photo: CTK

Fin, ce jeudi, de la visite officielle du président russe, Vladimir Poutine, arrivé ce mercredi à Prague. Avant de passer aux sujets économiques qui sont une des préoccupations principales au coeur des discusssions russo-tchèques, le chef du Kremlin est revenu sur l'invasion soviétique en Tchécoslovaquie, en 1968.

1968,  Prague
« La seule chose qui nous inquiète lorsque l'on évoque ces événements tragiques, c'est que certaines forces politiques n'en profitent pour utiliser l'histoire pour susciter des opinions anti-russes et présenter la Russie comme un pays qui ne respecte pas le droit. Mais je dois vous dire, que si nous n'avons pas et ne pouvons avoir de responsabilité, du point de vue du droit, pour ces événements, il y a par contre une responsabilité morale. »

C'est par ces mots que Vladimir Poutine s'est exprimé à propos des événements de 1968, ce mercredi, devant la presse rassemblée à l'occasion de sa venue dans la capitale tchèque. Le président tchèque, Vaclav Klaus, a pour sa part pris acte de cette déclaration. S'il a indiqué que lui-même n'avait pas abordé le sujet, il a souligné l'importance que revêtaient ces paroles pour la population tchèque. Néanmoins, pour le président tchèque, il faut également envisager l'avenir :

Vladimir Poutine et Vaclav Klaus,  photo: CTK
« Je suis heureux qu'il ait dit ceci. Mais je dois dire, très sincèrement, aujourd'hui, le 1er mars 2006, je ne vois aucune raison de régler avec le président Poutine ce qu'à fait l'Union soviétique sous Brejnev, en août 1968. Nous le savons et en avons tous deux conscience. C'était pour nous un moment extraordinairement tragique, mais je suis favorable àun regard positif sur le présent et sur l'avenir. »

L'avenir, c'est notamment le pétrole et le gaz : Vladimir Poutine a ainsi assuré que les contrats sur ces livraisons énergétiques allaient être prolongés, tandis que le président Klaus a insisté sur l'importance de livraisons stables, et la nécessité de dépolitiser au plus tôt un sujet qui, selon lui, doit rester dans le domaine des affaires. Rappelons que début janvier, le différend gazier entre Kiev et Moscou, n'avait certes pas eu de conséquences en RT, mais Prague avait cependant suivi la crise de près. Vladimir Poutine souhaite, par ailleurs, intensifier la collaboration des deux pays en matière d'investissements. D'après lui, la RT a des chances notamment dans le domaine mécanique : il a cité des projets tels que la modernisation du métro Saint-Pétersbourg pour lequel les experts tchèques pourraient être utiles.

Vladimir Poutine et Vaclav Klaus,  photo: CTK
La crise en Tchétchénie a été évoquée : pour la diplomatie russe, le processus politique de renouveau est terminé, l'heure est au développement économique de la région. Le président Klaus a également abordé le sujet de la poudrière caucasienne avec son homologue :

« Je pense qu'il est dans l'intérêt du président russe et dans celui de la Fédération de Russie que le problème tchétchène trouve une solution. Nous avons parlé en détail de l'ensemble des développements de par le passé, mais aussi des alternatives actuelles pour trouver une solution. Je partage son opinion selon laquelle on ne peut envisager une simple solution triviale et qu'on ne peut pas régler la situation en un coup de baguette magique. Je veux croire que les démarches qui vont dans le sens d'une solution, non seulement pour la Tchétchénie mais aussi pour les parties du Nord du Caucase de la Fédération de Russie, sont à portée de main. »

Rappelons qu'une déclaration portant les signatures de personnalités telles que Vaclav Havel et André Glucksmann a été publiée mercredi par le quotidien MfD : une manière de rappeler que les intérêts économiques mutuels ne peuvent servir de paravent à la politique autoritaire du Kremlin dans la petite république indépendantiste oubliée.