Vladimír Špidla : contre l’inégalité des salaires entre hommes et femmes
De passage à Prague, le commissaire européen pour l’Emploi, les Affaires sociales et l’Egalité des chances, Vladimír Špidla a évoqué la politique de la Commission européenne dans le domaine de l’égalité salariale entre hommes et femmes. Si dans l’Union européenne, de gros progrès ont été faits en trente ans, la situation n’est pas encore optimale. Le 3 mars dernier, la Comission européenne a lancé une campagne de sensibilisation sur le sujet. Vladimír Špidla rappelle certaines des raisons de ces inégalités.
« Il y a beaucoup de raisons, on ne peut pas dire qu’il y en ait une seule. Les raisons les plus importantes selon moi, c’est le problème de la conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle. Ensuite il y a une ségrégation du marché du travail : les femmes sont surreprésentées dans de nombreux domaines. Ces domaines sont malheureusement particulièrement mal payés. »
Quelle est la situation de la République tchèque dans ce contexte-là ?
« La République tchèque ne se porte pas bien, mais elle n’est pas le pire cas dans ce domaine. Si cet écart salarial est de plus ou moins 17% en Europe, en République tchèque il est de 23%. C’est mauvais. L’impact de la maternité est le plus grave en République tchèque. »
En République tchèque, on compte 88% de femmes qui travaillent et qui sont sans enfants contre 56% qui travaillent et qui ont des enfants. C’est une grosse différence. Quelles en sont les raisons ? Est-ce dû au manque de structures pour accueillir les enfants ?« Il y a plusieurs raisons, le manque de structures en fait partie. Il y aussi une certaine rigidité du marché du travail tchèque qui n’accepte pas tellement de changements en faveur des familles. C’est très complexe. »
Est-ce que les quotas sont une solution à cet égard ?
« C’est une discussion qui est ouverte. Selon moi cela pourrait améliorer les choses. Mais il faut travailler prudemment avec les quotas. »
Prudemment, cela signifie ?
« Parce que les quotas sont toujours contestés et il y a des soucis car ils peuvent avoir des conséquences néfastes. En Norvège on a décidé qu’il devait y avoir 40% de femmes dans les conseils d’administration des entreprises. Ils n’ont pas dit 50%, les Norvégiens sont restés prudents. Mais ça a vraiment changé les choses. Il y aussi eu une étude française qui a montré que les sociétés financières où il y avait des femmes dans le conseil d’administration ou à la direction ont mieux tenu que les sociétés purement masculines. »
Les institutions européennes donnent-elles l’exemple à ce niveau-là ? Pour les salaires et les postes ?
« Je peux dire que oui. La situation n’est certes pas idéale. Mais la volonté est claire. Par exemple dans la Commission actuelle le nombre de femmes est le plus élevé dans l’histoire des institutions européennes. Ce n’est pas encore cinquante-cinquante mais c’est mieux que par le passé. »