Vojtech Filip, nouveau président du KSCM : un « Grebenicek à visage humain » ?
Depuis samedi, le KSCM (Parti communiste de Bohême et de Moravie) est présidé par Vojtech Filip, jusqu'ici numéro deux du parti. Il succède à Miroslav Grebenicek, qui, en douze ans, a réussi à faire du KSCM l'une des principales formations politiques du pays. A peine quinze années après la Révolution de velours, Vojtech Filip prend les rênes d'un Parti communiste qui n'a jamais été crédité d'autant de voix que dans les récents sondages réalisés en perspective des prochaines élections.
Mais si Vojtech Filip fait moins figure d'"épouvantail stalinien" que son prédecesseur auprès d'une partie de la classe politique et de l'électorat tchèque, il n'en reste pas moins dans la ligne de Miroslav Grebenicek. Egalement vice-président de la Chambre des députés, cet avocat de formation ne fait pas partie de la branche réformatrice d'un parti souvent accusé de ne jamais s'être confronté à son passé et qui affirme dans ses documents que « la période de 1948 à 1989 fait partie des meilleures pages de l'histoire des peuples tchèque et slovaque », comme le note l'hebdomadaire Respekt.
Grebenicek était le fils d'un tortionnaire de la police secrète ; Vojtech Filip est un ancien agent de la StB, payé pour surveiller ses collègues pendant plusieurs années, jusqu'au 1er décembre 1989, date du dernier virement effectué sur le compte de l'agent Falmer, son pseudonyme de mouchard.
Blanchi en 1992 par un juge qui a considéré qu'il n'avait pas "consciemment" collaboré avec la StB, Vojtech Filip a été très vite élu député au Parlement fédéral tchécoslovaque, puis de nouveau en 1996 au Parlement tchèque. Il s'y est fait plusieurs fois remarqué pour ses comparaisons entre Bush et Hitler et pour ses sorties contre l'OTAN - une « organisation criminelle » à ses yeux -, mais aussi pour ses talents de négociateur avec les autres groupes de la Chambre basse.
Une chose est claire : élu par 63 voix contre 20 face à l'autre ancien vice-président Vaclav Exner, Vojtech Filip n'a pas l'intention de changer la stratégie du parti : « Je pense qu'il existe plusieurs exemples à l'étranger de partis communistes qui ont fait des compromis par rapport à leur programme, et cela a causé leur perte à long-terme ».L'opposition de droite affirme que ce changement à la tête du parti n'est qu'un geste fait en faveur des sociaux-démocrates pour leur permettre une collaboration plus étroite avec le KSCM que sous Grebenicek. Pour Vojtech Filip en tout cas, les rivaux et les potentiels partenaires sont clairement définis : « Le rival pour nous est toujours la droite, le Parti civique démocrate (ODS). Le KSCM peut aussi considérer le Parti social-démocrate comme un concurrent face aux électeurs mais pas comme un rival, parce que les programmes ne sont pas tellement différents. »