1er mai : communistes à Prague, néo-nazis à Brno

Miroslav Grebenicek, photo: CTK
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L'esplanade de Letna à Prague en a certes connu de plus imposants, mais le rassemblement organisé par les communistes le jour de la fête du travail a, cette année encore, rencontré un beau succès. Le Parti communiste de Bohême et de Moravie (KSCM) s'est targué d'avoir réuni 10 000 personnes dimanche dernier.

Miroslav Grebenicek,  photo: CTK
Avant la Révolution de velours, des parades gigantesques étaient organisées à cette occasion, à quelques mètres de l'endroit d'où un non moins gigantesque monument à la gloire de Staline dominait la ville à la fin des années 50. Aujourd'hui, on ne rase toujours pas gratis à Prague, mais toute la semaine dernière, c'est une marque de lames qui a choisi l'emplacement pour y installer un rasoir géant...

Dimanche dernier donc, le président du parti est monté à la tribune, acclamé par une foule dont lui-même, qui n'a pas encore fêté ses 60 ans, faisait sensiblement baisser la moyenne d'âge. Miroslav Grebenicek y est allé de bon coeur, ragaillardi par une crise politique qui a de nouveau placé son parti sur le devant de la scène :

Photo: CTK
« Tous ces politiciens qui sont des caméléons corrompus par le pouvoir et les intrigues autour de leur patrimoine représentent un fardeau dont il faudrait se débarrasser », a déclaré en substance Grebenicek devant un parterre acquis à sa cause, dérangé pendant plusieurs minutes par une poignée de manifestants qui ont brandi des panneaux réclamant la mise hors-la-loi du parti communiste. Le plus virulent d'entre eux a été interpelé par les forces de l'ordre.

Après s'être adressé à ceux « dont les espoirs de novembre 1989 sont restés sans lendemain et dont la situation sociale s'est empirée », le chef du parti s'en est pris aux sociaux-démocrates : « Qu'elle aille au diable, cette bande de gredins ». Le ministre chrétien-démocrate des Affaires étrangères Cyril Svoboda en a lui aussi pris pour son grade, accusé d'être « une honte pour l'Etat tchèque », parce qu'il avait déclaré la semaine précédente que la Constitution européenne pourrait être ratifiée par le Parlement et non par référendum.

Rappelons ici que le KSCM est opposé à cette ratification, tout comme l'ODS, le parti fondé par Vaclav Klaus, qui caracole en tête des sondages. D'ailleurs, l'ODS n'a pas perdu son temps non plus ce week-end : alors que les communistes célèbraient la fête du travail à Letna, des militants futés ont installé des stands au bas de la colline de Petrin, là où les couples pragois se rendent traditionnellement le 1er mai pour célébrer leur amour...

Photo: CTK
Pendant ce temps-là à Brno, la deuxième ville du pays, c'est une manifestation de néo-nazis qui a perturbé l'habituelle tranquillité dominicale. Encadrés de près par la police, environ 300 crânes rasés ont défilé derrière les banderoles du groupuscule fasciste « Résistance nationale » (Narodni odpor). Trois personnes ont été blessées, apparemment suite à des affrontements entre skinheads et militants antifascistes. Pour l'un de ces derniers, Milan Stefanec, cette manifestation n'aurait pas dû être autorisée :

« Ce genre de rassemblement dans le centre-ville de Brno devrait être interdit. Il n'y aucun doute sur le fait qu'il s'agisse de nazisme. Si on regarde les pages Internet du groupe « Résistance nationale », qui a organisé ce défilé et qui est même qualifié de nazi par le ministère de l'Intérieur, on trouve des thèses qui nient l'holocauste des Roms et d'autres qui considèrent la libération de Brno en 1945 comme une occupation. »

A Prague aussi, quelques dizaines de néo-nazis ont défilé dans le centre, terminant leur trajet devant le siège de la représentation des Allemands des sudètes pour y coller tracts et affiches nationalistes.