42 ans après l’immolation de Jan Palach : un acte aux résonnances très actuelles
Dimanche, 42 ans se sont écoulés depuis l’immolation de Jan Palach, place Venceslas, en signe de protestation contre l’occupation soviétique et la politique de normalisation qui a suivi après le 21 août 1968. Un geste qui a encore des résonnances aujourd’hui.
Samedi, un rassemblement de dizaines de personnes s’est déroulé au cimetière d’Olšany à Prague, où se trouve la tombe de Jan Palach. Pas d’officiels pour cette cérémonie du souvenir qui se déroule depuis 1996. Pour Dana Němcová, écrivaine et ancienne porte-parole de la Charte 77, l’absence d’hommes politiques n’est finalement pas si grave :
« Je pense que tout ne doit pas être officiel absolument. La question, c’est plutôt de savoir dans quelle mesure la société civile est prête à accepter cet héritage et ce message, et ce qu’elle va en faire. »Une cérémonie du souvenir s’est également déroulée le même jour à Všetaty, près de Mělník, petite ville de naissance de Jan Palach.
Le 16 janvier 1969, un jeune étudiant en économie de vingt ans à peine s’aspergeait d’essence en haut de la Place Venceslas, avant de s’immoler. Grièvement brûlé, il mourra de ses blessures trois jours plus tard. Lors d’un des rares enregistrements réalisés sur son lit d’hôpital, Palach explique que d’autres jeunes hommes sont ainsi prêts à mourir, à devenir d’autres « torches ». Son geste, plus qu’une réelle protestation contre l’invasion et l’occupation soviétique survenue le 21 août 1968, entend plutôt secouer la nation tchèque. Un peuple, qui en janvier 1969, est démoralisé et qui a peu à peu, cédé à la « normalisation » rampante mise en place par le gouvernement communiste, après les heures de libéralisation du Printemps de Prague. Des milliers de personnes avaient assisté à son enterrement, resoudant pour quelques temps le pays contre l’occupant soviétique. Jan Palach sera imité dans son geste par un autre étudiants, Jan Zajíc, puis par un ouvrier, Evžen Plocek. Mais aucun de ces deux suicides par le feu n’aura autant de retentissement que le geste de Palach. Pas même le suicide, dès septembre 1968, d’un Polonais, Ryszard Siwiec. 42 ans après, si tous les ans une cérémonie du souvenir est organisée en mémoire de Jan Palach, c’est aussi grâce à l’initiative d’un professeur italien enseignant à Opava, qui s’étonnait qu’aucune commémoration n’ait lieu.A Prague, quelques lieux rappellent le geste de Palach : une croix au sol à l’endroit de son immolation, un masque mortuaire sur les murs de sa fac, et une place à son nom. Mais pas de statue, contrairement à d’autres villes tchèques ou même contrairement à Rome, en Italie. La ville de Prague est à l’heure actuelle en négociation avec les héritiers d’un sculpteur américain, John Hejduk, dont l’oeuvre monumentale, en deux parties, pourrait être installée dans la capitale, malgré des voix discordantes. Le site retenu devrait être la place Palach.