5 mai 1945 : l'insurrection tchèque commence à la Radio

Photo: Archives de ČRo

Les Tchèques célèbrent comme les Français la fin de la Seconde guerre mondiale le 8 mai 1945. Mais ils célèbrent également un autre anniversaire, quelques jours auparavant : celui de l’insurrection de Prague contre l’occupant nazi, débutée le 5 mai 1945 et dont c’était le 68e anniversaire ce dimanche.

Photo: Archives de ČRo
« Nous appelons les policiers tchèques, les gendarmes tchèques et notre armée à l’aide de la Radio tchèque. Nous appelons tout ce qui est tchèque au secours de la Radio tchèque. Les SS y tuent les nôtres. » C’est à ces mots diffusés par la radio nationale qu’a débuté l’insurrection spontanée de Prague en mai 1945. Alors que les troupes américaines et soviétiques se rapprochent de la capitale, la radio nationale se libère de l’autorité nazie et commence à diffuser ses messages uniquement en tchèque. Une division SS prend le bâtiment d’assaut tandis que les appels à l’aide résonnent sur les ondes à 12h33. Nous sommes le 5 mai 1945, c’est « la bataille de la radio ». Soixante-huit ans plus tard, ce dimanche 5 mai 2013, les Praguois commémorent comme chaque année l’insurrection de leur ville contre l’occupant nazi. Le président Miloš Zeman était présent à Vinohradská devant la Radio tchèque :

Miloš Zeman,  photo: Kristýna Maková
« La guerre est terminée, mais nous ne pouvons pas rester confortablement à la maison et ne pas participer aux commémorations de ces évènements en sachant qu’ils ont sauvé nos vies. Nous devons faire en sorte que plus jamais la dignité des gens ne leur soit ôtée. »

Car cette « bataille pour la radio » fût bien l’un des combats les plus importants de cette insurrection, comme le rappelle Jindřich Marek, historien du musée militaire de Prague :

« Qu’ils fassent partie de la police, des civils ou des citoyens volontaires, tous ont accouru au secours de la radio. Mais leur chemin a rencontré des résistances. Tout ça compilé a fait que peu sont parvenus jusqu’à la radio, mais une masse de gens s’est rassemblée en petits groupes et dès le premier jour ils ont trouvé la possibilité de s’armer. »

Jindřich Marek,  photo: Musée militaire de Prague
La rue Vinohradská n’a cependant pas été le seul lieu de bataille entre les Tchèques et les Nazis. Des plaques commémoratives parsèment la capitale et les murs des immeubles pour rappeler le nom de ceux qui sont tombés pour la liberté. Les combats se sont étendus jusque dans les quartiers périphériques de Prague, comme le raconte Jindřich Marek :

« Des unités allemandes ont commencé à arriver à Prague dès les 6 et 7 mai et la campagne a pris une importance particulière dans la guerre pour les accès à la capitale. Les combats pour les accès directs à la capitale ont atteint par exemple Dolní Chabry et Lahovice, et bien sûr ensuite le pont de Troja et Holešovice. La plus grande bataille a eu lieu du 6 au 8 mai à Pankrác. C’est dans ce quartier que le plus de personnes sont tombées. »

Plzeň,  photo: CTK
De même les célébrations ne sont pas seulement réservées à la capitale. Dans de nombreuses autres villes tchèques ce 5 mai a marqué le début des célébrations de la libération du pays. La ville de Plzeň par exemple a commémoré ce dimanche l’arrivée de l’armée américaine dans la ville, le 6 mai 1945 avec la reconstitution de camps militaires dans le centre-ville et un grand défilé en présence de vétérans belges et américains, à l’instar de ce soldat qui garde de Plzeň un souvenir particulier :

« C’est un jour de célébrations et de souvenirs. Mon père commandait les troupes qui ont libéré Plzeň, donc pour moi c’est un beau souvenir de lui. »

3 500 Praguois sont morts pendant l’insurrection de mai 1945, et encore 8 000 Tchèques dans d’autres villes de Bohême et de Moravie.