50 ans depuis la mort de Staline et de son disciple, Gottwald
Le 5 mars, nous avons commémoré le 50e anniversaire de la mort du plus grand dictateur communiste, Joseph Vissarionovitch Staline, responsable de la mort de plusieurs millions de personnes. Une documentation complète sur les purges de Staline ayant pour but de contrôler le parti communiste et liquider tous ses adversaires n'existe pas. Selon l'historien Panine, prisonnier du goulag, la dictature de Staline a coûté la vie à entre 43 et 55 millions de personnes. L'historien et politologue contemporain russe, Pitrim Derkatchenko, indique dans son étude que la terreur de Staline a fait 29 800 000 morts, hormis les victimes de la guerre. L'époque de Staline a marqué l'évolution politique de la Tchécoslovaquie. Son disciple, Klement Gottwald, artisan du putsch communiste de 1948 et politicien responsable des procès politiques dans les années cinquante, est mort neuf jours seulement après Staline, le 14 mars 1953.
Le lien de Gottwald envers Moscou se créé dans les années trente, période appelée Grande Terreur en URSS. Après la capitulation de la Tchécoslovaquie, en 1938, le leader communiste Gottwald trouve un refuge à Moscou. Ses camarades du Kremlin ne lui réservent cependant pas un accueil chaleureux, le rendant coupable de cette capitulation. Staline ne cache pas ses réserves à l'égard de Gottwald et on parle même de son remplacement par Jan Sverma. Edvard Benes, président du gouvernement exilé à Londres, venu en 1943 à Moscou pour signer un traité d'amitié, contribue, paradoxalement, à améliorer sa position. Gottwald devient l'un des vice-premiers ministres du gouvernement tchécoslovaque d'après-guerre. Dans les années 1945 - 1948, Gottwald met à profit tout ce qu'il a appris à Moscou. Grâce à sa stratégie et à la tactique choisie, le PCT devient, pour 40 ans, un parti concentrant le pouvoir absolu. Après le putsch de février 1948, Gottwald devient le premier président "ouvrier." Or, son bonheur ne dure pas longtemps. Il a vite compris qu'il n'était qu'une marionnette entre les mains de Staline. Il finit par accepter la transformation de la Tchécoslovaquie en colonie soviétique, ainsi que l'arrestation et l'exécution de ses proches collaborateurs de l'innocence desquels il était convaincu.
Le Kremlin commence à imposer sa volonté à notre pays, immédiatement après la défaite de l'Allemagne. Pour s'assurer un pouvoir facile sur les régimes vassaux en Europe centrale et orientale, il crée, en septembre 1947, une nouvelle organisation de partis communistes, appelé le Bureau d'information des partis communistes, dans lequel la voix de Staline est sacrée et toute opposition éventuelle exclue à l'avance. Staline invite ses vassaux à des consultations à Moscou et à des "congés" en Crimée. Klement Gottwald part à Moscou le 13 septembre 1948. Au lieu des mots de soutien, voire d'éloge pour les succès dans l'édification du socialisme, auxquels il s'attend, il essuie une critique. Staline lui reproche d'avoir choisi une tactique à risque, en février 1948, et d'avoir commis une faute grave pour ne pas avoir demandé l'aide de l'armée soviétique, stationnée aux frontières. Avec ses vassaux, Staline communique également par courrier. La lettre la plus connue est celle du 24 juillet 1951. Staline y accuse Rudolf Slansky, deuxième homme au pouvoir communiste et ami de Gottwald, d'un grave complot contre le parti, en recommandant à Gottwald de l'écarter de la scène politique. Après une courte hésitation, Gottwald finit par accepter sans conditions. Le destin de Slansky est scellé. Slansky est l'un des 11 fonctionnaires communistes condamnés à mort pour haute trahison. Une vague de procès politiques est déclenchée en Tchécoslovaquie. Plus de 260 000 personnes sont condamnées et emprisonnées, 241 exécutées suite à des procès politiques. Il n'est aucun secret que le premier président ouvrier a recours à l'alcool et souffre la syphilis. Son départ aux obsèques de Staline à Moscou précipite sa mort. Un anévrisme de l'aorte est la cause directe de son décès, le 14 mars 1953, neuf jours après Staline. Gottwald, qui est devenu l'objet d'un culte de la personnalité pareil à celui forgé par Staline, s'est identifié avec son grand maître également après la mort. Le corps de Gottwald a été embaumé et exposé, dans un cercueil en verre, au mausolée de Zizkov. Staline, quant à lui, a eu à Prague-Letna, un fastueux monument formé par un groupe de statues, de 15 mètres de haut et de 22 mètres de long. En 1962, ce symbole de la tyrannie a été déboulonné et la même année, la dépouille de Gottwald a été retirée du mausolée de Zizkov.