Mardi 1er novembre a été donné, au cinéma Lucerna, à Prague, le coup d’envoi de la 7e édition du projet intitulé « Příběhy bezpráví » (Les histoires de l’injustice). Organisé par l’association humanitaire Člověk v tísni (L’homme en détresse), ce projet incite les élèves et les professeurs de l’enseignement secondaire du pays à se (re)plonger dans l’histoire de l’ancienne Tchécoslovaquie de la seconde moitié du XXe siècle, et ce à travers le cinéma et des rencontres avec les témoins des persécutions communistes.
Pavel Tigrid
Le documentaire « Je n’ai fait mal à personne », dans lequel se confient des anciens agents et collaborateurs de la police communiste StB, un portrait de Pavel Tigrid, une des plus grandes figures de l’exil tchécoslovaque, « Swingtime », un film de fiction sur les faux passeurs d’émigrés clandestins, inspiré des événements réels des années 1950… Voici quelques-uns des films proposés, cette année, aux collèges et lycées tchèques par l’ONG L’homme en détresse. Depuis 2005, année du lancement du projet « Les histoires de l’injustice », le nombre d’établissements scolaires de tous les coins du pays qui y participent a presque doublé : elles sont à présent 700 à organiser, tout au long du mois de novembre, des projections de films sur les crimes du communisme, projections suivies de débats avec des historiens, journalistes, anciens dissidents, exilés et prisonniers politiques.
Karel Strachota
Le projet est très apprécié par les professeurs, encore nombreux à hésiter sur la manière la plus appropriée d’enseigner l’histoire contemporaine, avec tous les préjugés, stéréotypes, vestiges et blessures qui persistent dans la société tchèque plus de vingt ans après la chute du mur de Berlin. Et pour cause : l’ouvrage « Mythes sur l’époque du socialisme », consacré à la période des années 1970-1980 en Tchécoslovaquie et publié en novembre dernier dans le cadre du projet « Les histoires de l’injustice », a soulevé des réactions controversées. Une raison de plus pour L’homme en détresse de continuer avec un deuxième livre fraîchement sorti : intitulé « Notre normalisation », ce livre contient les souvenirs d’une trentaine de personnalités opposées, chacune à leur façon, au régime totalitaire. Les extraits du livre sont publiés, tout au long de cette semaine, dans le quotidien Lidové noviny. Karel Strachota, directeur du projet, explique :
Le ministre de la Défense Alexandr Vondra (à droite) avec Ladislav Trejbal, combattant contre le régime communiste, photo: CTK
« Nous n’avons pas l’intention d’imposer au public des vérités définitives. Nous avons juste l’impression qu’il faut équilibrer les propos des gens, très fréquents, qui disent qu’à l’époque, on vivait mieux qu’aujourd’hui. »
La 7e édition du projet « Les histoires de l’injustice » est plus particulièrement dédiée à l’émigration et à la vie dans l’exile. Mardi, à l’occasion de son ouverture, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense ont remis des prix à trois combattants contre le régime communiste, prix décernés par un jury des étudiants.