A Grenoble, une exposition sur Renaud & Reynek, couple emblématique des relations franco-tchèques
Le Clos des Capucins de Meylan accueille une exposition sur le couple de créateurs Suzanne Renaud et Bohuslav Reynek.
C’est en 1976 que les frères Capucins ont quitté leur couvent de Meylan, près de Grenoble, pour le céder à la commune. Située face aux montagnes, avec une vue dégagée et entourée de jardins familiaux, la propriété est devenue un lieu de culture et de patrimoine, à la disposition des particuliers et des associations.
Jusqu’au 18 juin, la chapelle du Clos des Capucins accueille une exposition sur le couple de créateurs Suzanne Renaud et Bohuslav Reynek qui ont vécu en Dauphiné puis à Petrkov, en Bohême orientale. L’exposition est organisée par l’association Romarin basée à Meylan et qui promeut, depuis trente ans, l’œuvre des deux artistes en France. Sa fondatrice Annick Auzimour nous la fait visiter :
« Le thème de l’exposition, c’est un jubilé. Nous célébrons la rencontre de Suzanne et Bohuslav il y a cent ans, en 1923 à Grenoble. Nous organisons aussi une rencontre littéraire à l’occasion de la sortie, aux éditions Romarin, d’un livre de correspondance de Suzanne Renaud avec ses amis tchèques. Ces échanges épistolaires datent de la dernière partie de sa vie. »
« L’exposition est sur deux modes. Nous exposons des œuvres originales de Reynek, ainsi que des livres rares autour de la vie littéraire et artistique des deux poètes. Dans une autre salle se trouvent des panneaux informatifs créés par le Centre culturel tchéco-français Petrkov. Ils retracent le parcours de Suzanne Renaud et Bohuslav Reynek et nous font connaître un peu plus leur environnement. »
On présente ici notamment tous les livres publiés par Romarin…
« Pas seulement ! Le thème presqu’obsessionnel de l’exposition, c’est le pont entre les deux pays grâce à ce couple emblématique. Nous avions réuni les deux piliers du pont, c’est-à-dire la rencontre en 1923, les photos de jeunesse, les lettres d’amour et puis ce qui est publié aujourd’hui, en 2023, mais des deux côtés : les livres de Romarin d’une part et l’abondance des livres de République tchèque avec des ouvrages majeurs, de référence, comme l’œuvre poétique complet de Bohuslav Reynek qui comprend quand même mille pages ! »
Nous sommes maintenant dans les locaux dédiés aux œuvres de Reynek.
« C’est la chapelle, un lieu que je trouve très propice aux œuvres de Reynek – paisible, nu… Nous présentons ici une mini-rétrospective, en pointillé de l’œuvre de Reynek, depuis ses linogravures, en passant par ses dessins de l’époque grenobloise, jusqu’à ses magnifiques estampes avec monotypes inspirées des scènes bibliques qu’il a créées à la fin de sa vie, œuvres qui l’ont rendu célèbre. »
« Dans les vitrines, nous exposons quelques objets… Vous voyez, j’ai conservé ce qu’on m’avait donné ! L’ombrelle de Suzanne Renaud, son corsage… Et puis des photos, des plaques de Reynek et ses tubes de gouache... ou encore ses lettres de félicitation destinées à Suzanne Renaud autour de son premier recueil ‘Ta vie est là’ – le grand coupable de la rencontre entre les deux poètes, puisqu’il a attiré Bohuslav. »
« Dans cette partie littéraire de l’exposition, nous présentons les traductions de Bohuslav Reynek, dont la poésie de sa femme. Car grâce à ses traductions, Suzanne Renaud est d’abord entrée dans la littérature tchèque ! (…) Enfin, cette vitrine est consacrée aux livres rares, on montre au public par exemple des recueils de poème de Reynek parus en Tchécoslovaquie en samizdat, donc que l’on se passait sous le manteau. Le livre est dactylographié sur des papiers carbone. On ne pouvait pas faire plus de cinq exemplaires à la fois. »
