A la mémoire du général Antonin Spacek
Cette émission est consacrée au héros de la Deuxième Guerre mondiale, le général Antonin Spacek décédé des suites d'une grave maladie, le mercredi 4 avril. Il était membre de la division tchécoslovaque d'infanterie basée à Colombay-Les Deux Eglises dans la Haute-Marne. Cette division était la seule unité à pouvoir ralentir la marche des troupes allemandes sur Paris. Ensuite, il a combattu en Grande-Bretagne et à Dunkerque. Après le coup d'Etat de 1948, il a été condamné par les communistes à une peine de réclusion de dix ans. Le général Antonin Spacek, né le 23 mai 1917 dans la région de Prostejov, ville de Moravie, a été, entre autre, décoré de la croix de guerre tchécoslovaque 1939, de la croix de guerre de France, de la médaille du Mérite, de quatre médailles décernées par le Royaume-Uni et était officier de la Légion d'honneur.
Il termine ses études à l'Académie de commerce, rejoint l'armée tchécoslovaque et suit l'école des officiers de réserve qu'il termine en juin 1938. En janvier de l'année suivante, il étudie au Centre d'armement à Pilsen. En mars 1939, les Allemands envahissent la Tchécoslovaquie, et Antonin Spacek est envoyé en réserve. Mais à l'automne, il est déjà très actif au sein du réseau illégal dont l'objectif est d'organiser le départ clandestin des Tchèques à l'étranger. La Gestapo est à ses trousses et la meilleure solution est de quitter le pays. Avant que la police secrète nazie ne lui mette le grappin dessus, il quitte la Tchécoslovaquie. Il arrive en France passant par la Hongrie, la Yougoslavie et le Moyen-Orient. Sur place, il rejoint le 1er régiment tchécoslovaque d'infanterie pour combattre l'ennemi allemand. La France capitule et le général se déplace avec ses compatriotes en Angleterre. En 1943, il épouse l'Anglaise Jean Thomas qui un an après donne le jour à leur fils Milan. La brigade d'infanterie est transformée en brigade tchécoslovaque indépendante blindée, brigade qui devait intervenir au cours des opérations de libération de la Tchécoslovaquie. Mais le soi-disant accord entre Churchill et Stalin apporte une grande déception. Pendant la Libération, la brigade blindée tchécoslovaque reste à Dunkerque.
Enfin la Libération ! Antonin Spacek revient avec sa femme et son fils en Tchécoslovaquie. Pendant un an, il est membre du corps des gardes du Château de Prague, puis il est admis à l'Ecole militaire. Février 1948 - les communistes prennent le pouvoir. Un rideau noir tombe sur son destin. Il est exclu de l'Ecole militaire et renvoyé de l'armée. Mais il est bien loin de se douter des horreurs qui l'attendent.
Le 23 février 1949, à 5 heures 30 on sonne à la porte. Antonin Spacek va ouvrir supposant qu'il s'agit de son ami le boucher Patha. La veille, ce dernier lui a demandé de l'accompagner pour charger de la viande aux abattoirs. Patha était un chauffeur médiocre et n'aimait pas conduire seul. Mais à la place de Patha le général trouve derrière la porte six hommes répondant aux ordres de Bedrich Reicin, chef du Service de renseignement (OBZ) auprès du ministère de la Défense. Le héros de guerre est arrêté et entraîné par les sbires de Reicin comme un vulgaire criminel dans la Maisonette de Hradchin (Hradcansky domecek), lieu de torture redouté. Il est obligé de subir l'application des méthodes les plus ingénieuses de la torture. Il supporte les dents serrées, il veut vivre, rien d'autre. La sentence du tribunal ne vient qu'après les atroces supplices. Inculpé de trahison il est condamné à dix ans de prison. Il sera libéré avec sursis après avoir passé cinq ans et demi dans les pires lieux de détention du pays : Bory, Opava et les mines d'uranium de Jachymov.
La femme d'Antonin Spacek quitte avec leur fils la Tchécoslovaquie estimant que c'est la meilleure des solutions. Le général travaille dans les mines, puis à la chaufferie et finalement il devient concierge. Il est réhabilité en 1969. En 2001, il est nommé président de l'Association des légionnaires tchécoslovaques, où il travaille dès la reprise de l'existence de l'organisation, donc après la Révolution de velours en 1989.
Ceux qui nous ont torturés vivent toujours et le pire c'est qu'ils n'ont jamais été punis ! Ce sont les paroles que le général Antonin Spacek a souvent répétées avec amertume, à diverses occasions.