A Prague, des étudiants de tchèque du monde entier de nouveau réunis à la traditionnelle école d’été
Brno, České Budějovice, Olomouc, Plzeň, Poděbrady et Prague : telles sont les six villes dans lesquelles, chaque été, les étudiants du monde entier qui le souhaitent peuvent parfaire leurs connaissances ou découvrir quelques-uns des secrets de la langue tchèque à travers les cours qui se tiennent dans le cadre des traditionnelles écoles d’été d’études slaves. A Prague, la 59e session de cette école d’été organisée par le département de tchèque de la Faculté des lettres de l’Université Charles a été officiellement ouverte samedi. Pendant quatre semaines jusqu’au 20 août, plus de 140 étudiants en provenance d’une quarantaine pays, dont pas mal de français, y sont réunis avec des motivations souvent différentes.
« Parmi ces étudiants, il y en a qui apprennent d’autres langues slaves comme le russe ou le polonais et qui veulent donc poursuivre en apprenant le tchèque », confirme Marie Poledniková, professeure d’un groupe francophone.
« Puis nous retrouvons aussi des étudiants d’origine tchèque mais auxquels les parents ne parlaient pas tchèque, car un des deux avaient une autre nationalité par exemple. Puis nous avons aussi un monsieur retraité qui est venu apprendre le tchèque parce qu’il travaillait à Prague quand il était jeune. Il y a aussi des journalistes. Les gens viennent ici pour des tas de raisons différentes. »
A raison de cinq heures quotidiennes et de six jours par semaine à l’exception du dimanche, les cours permettent une véritable immersion dans la langue et plus généralement l’environnement tchèques, comme l’explique Jiří Hasil, directeur de cette Ecole d’été d’études slaves à Prague :
« Depuis ses origines, qui remontent à l’avant-Deuxième-Guerre mondiale, cette école a été conçue comme un programme complet qui présente non seulement la langue tchèque, mais aussi la littérature, la culture, l’histoire et ce que j’appellerais la vie contemporaine tchèques. Je pense que c’est qui fait la spécificité de notre école à Prague et nous différencie quelque peu des autres. »Pour tous les étudiants, quel que soit leur niveau, l’école s’ouvre d’abord par un test sur la base duquel ils sont ensuite rassemblés dans différents groupes. Des concerts, projections de films, visites de musées et autres sorties sont également proposés aux participants.
Pour les francophones, nombreux que nous avons rencontrés ces dernières années, les motivations et les motifs de leur présence à Prague ne sont pas les mêmes. Mais qu’ils s’appellent Pierre, Apollonia, Thomas, Chloé, Grégoire ou encore Bénédicte, tous ont néanmoins un point commun : leur intérêt pour le tchèque :
Pierre : « C’est vrai que c’est un peu curieux d’apprendre le tchèque comme c’est une langue qui n’est parlée que par 10 millions d’habitants. Dans le même temps, apprendre une langue slave quelle qu’elle soit, le tchèque ou une autre, c’est aussi la porte ouverte à d’autres langues slaves. Après, c’est aussi une question de culture. Je pense qu’on s’intéresse à une culture en particulier. C’est certainement intéressant en tout cas et c’est aussi un atout de parler une langue un peu rare. »
Apollonia : « J’ai choisi le tchèque parce que quand j’étais petite, mes parents m’ont beaucoup montré les dessins animés de la mascotte nationale Krteček (La Petite Taupe). Je vais à la Letní škola (Ecole d'été, ndlr) d’abord pour rencontrer des gens, perfectionner le tchèque, et c’est l’occasion de faire beaucoup de rencontres très sympathiques et de se confronter à la réalité tchèque. »
Thomas : « J’étudie le tchèque pour deux raisons : d’abord des origines familiales et aussi parce que j’espère travailler avec dans l’Union Européenne. C’est bien, cela me permet de voyager un peu, de découvrir un nouveau pays et de rencontrer plein de gens. C’est plutôt chouette ! »Chloé : « Ce que j’aime bien dans les cours ici, c’est la façon dont on nous enseigne le tchèque. Il y a une réelle différence entre l’enseignement que nous suivons à l’Université Charles et l’enseignement des langues étrangères en France. On a vraiment l’impression que c’est une langue vivante et pas juste une langue que l’on écrit mais qu’on ne saura jamais parler. »
Grégoire : « J’ai commencé à apprendre le tchèque surtout pour améliorer ma connaissance des langues slaves en général, car c’est un domaine qui m’intéresse. Je suis assez content d’avoir choisi le tchèque, un peu par hasard je dois dire. C’est une langue assez intéressante dans le sens où elle est rattachée à toute une dimension culturelle, littéraire, historique. »
Bénédicte : « Ce qu’il y a de super, c’est que le matin on a les cours et que l’après-midi on pratique en allant dans les bistrots. Donc on peut dire que ce sont quand même des vacances. Des vacances studieuses, mais des vacances quand même. »
Des vacances, certes, studieuses, certes, mais des vacances qui réclament aussi certains efforts et pas mal de travail, car le tchèque est une langue difficile. Forte de son expérience longue de plus de dix ans, Zdenka Tošovská explique quelles sont les principaux écueils pour les francophones dans son apprentissage :
« Les Français ont beaucoup de difficultés avec les cas et les déclinaisons. Il faut qu’ils apprennent par cœur beaucoup de prépositions suivies de terminaisons particulières. La langue tchèque a des règles, mais elle comporte aussi beaucoup d’exceptions. Il faut les retenir et c’est très dur pour les étudiants étrangers. C’est un problème pour eux, mais ils s’en sortent très bien ! »Et la présence en nombre de tous ces étudiants étrangers à Prague et dans les autres grandes villes du pays chaque été depuis tant d’années en est la plus belle confirmation.