A qui le profit, une affaire de plomb ?
Le terme « olovo » signifie le plomb en français. Rien de plus, rien de moins. Quand on dit, aujourd'hui, en Tchéquie, l'opération «Olovo », on parle pourtant d'une affaire qui peut-être lourde de conséquences. Jan Uhlir.
Comme il s'agit d'une suite de ce dont nous vous avons informés au début de cette semaine, résumons, en deux mots, le fond de l'affaire. En mai, un plan visant à discréditer la vice-présidente social-démocrate de la Chambre des députés Petra Buzkova a été découvert parmi d'autres dossiers de l'un des ordinateurs installés au secrétariat du gouvernement. Interrogé par la police, l'un des conseillers du Premier ministre, social-démocrate lui aussi, a désigné un autre conseiller du chef du cabinet tchèque comme auteur du plan dont l'objectif était clair : au moyen d'une diffamation des plus basses éliminer Petra Buzkova de la scène politique. Avide de sensations estivales, la presse tchèque n'attendait que cela.
Depuis, des analyses et des spéculations, parfois confondues les unes avec les autres, ne disparaissent pratiquement pas de la une. Les médias s'ouvrent à tous ceux qui puissent avoir leur mot à dire. Pas facile de les faire parler. Autant de prudence, surtout parmi les sociaux-démocrates que l'affaire pourrait endommager fatalement avant les prochaines élections sénatoriales et régionales. Le président Vaclav Havel, on le sait, n'est pas habitué à mâcher ses mots. Il avoue carrément d'avoir reconnu dans le texte publié de l'opération «Olovo » le langage brutal de l'ancienne police secrète à laquelle il a eu affaire lors d'incessants interrogatoires sous le communisme. Argument qui convient à ceux qui en profitent pour fouiller dans le passé, souvent communiste, des collaborateurs proches du Premier ministre. Ce dernier s'est laissé entendre, ce vendredi, qu'il s'agit d'un complot monté par une institution concrète, la même qui aurait exposé les sociaux-démocrates à un autre scandale, il n'y a pas longtemps. Quoi qu'il en soit, l'affaire vit déjà sa vie autonome. Les deux conseillers ont été mis préventivement hors du service, la police continue d'enquêter et les points d'interrogations s'entassent...