Le plomb peut peser lourd même au figuré
Le chef du parti social-démocrate Milos Zeman fait front à un scandale qui s?est produit dans son entourage il y a peu et vient de gagner en explosibilité ces jours-ci. D?autant plus que la presse court comme un chien de chasse après la moindre information. Jan Uhlir.
Le plomb, on le sait, est un métal lourd. Son abréviation est Pb. De même que les initiales de la vice-présidente social-démocrate de la Chambre des députés, Petra Buzkova. Il ne fallait donc pas briller d?intelligence pour trouver le nom d?Olovo (Le plomb) à une opération visant à discréditer cette première dame du parti social-démocrate. Ces derniers jours, ce n?est toutefois pas seulement le métal, mais aussi l?opération portant son nom qui commence à peser lourd sur le chef du parti. Tout indique, en effet, que l?auteur du texte envisageant une campagne diffamatoire contre Mme Buzkova serait l?un des conseillers du Premier ministre Milos Zeman et que ce texte aurait été rédigé au secrétariat même du gouvernement.
Récapitulons brièvement : Le 16 mai, le quotidien Mlada fronta Dnes informe de l?existence d?un plan visant à jeter le discrédit sur Petra Buzkova, ex-membre de la direction du parti social-démocrate. Rebelle, elle a démissionné antérieurement de son poste de vice-présidente du parti en signe de protestation contre l?accord d?opposition que les sociaux-démocrates avaient signé avec le Parti civique démocrate. Le quotidien insiste sur le fait que le plan est l?oeuvre de l?un des conseillers de Milos Zeman. Ce dernier rejette l?accusation la qualifiant de provocation. Petra Buzkova dépose plainte contre X. La police, elle, ouvre une enquête.
L?affaire connaîtra l'escalade à la mi-août. La presse apporte le nom du présumé auteur du plan. Vratislav Sima, dont il s?agit, est effectivement l?un des conseillers du chef du cabinet. Déposition en a été faite devant la police par un autre conseiller de Milos Zeman, Zdenek Sarapatka. Zdenek Sarapatka, dont on présume, aujourd?hui, qu'il a sorti l?affaire à la lumière en mai dernier. Milos Zeman, qui a accusé, en première réaction, les journalistes d?avoir tout fabriqué, se trouve d?emblée devant un dilemme : l?un des deux conseillers devrait tomber. Sinon les deux. De retour de son congé, il ne parle toutefois plus de provocation. Lundi, il a même avoué aux journalistes avoir entendu parler justement de Zdenek Sarapatka comme auteur du texte en question. « J?ai alors invité M. Sarapatka et il m?a juré sur la vie de sa mère que ce n?était pas vrai » - a-t-il dit. M. Sarapatka, lui, n?a pas tardé à répliquer : « Le 24 mai, je lui avais dit ce que j?ai dit plus tard à la police. Je pense sérieusement que je ne pourrai plus travailler sous ce Premier ministre. »
Alors que les personnes concernées s?échangent les balles dures dans les médias, la police, qui est pourtant la plus compétente de s?y exprimer, se tait. Quant à Petra Buzkova, elle a pu s?assurer de près que le plomb n?est pas seulement lourd, mais aussi vénéneux...