A Varsovie, le Groupe de Visegrád fait part de son désir d’une Europe réformée

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S’il convient de protéger l’Union européenne (UE), celle-ci doit aussi être réformée, car, trop souvent, elle ne répond pas aux attentes des Européens. C’est pourquoi l’UE se doit de revenir à ses racines et se préoccuper davantage de ses citoyens. Ce message est celui qu’a fait passer la Première ministre polonaise Beata Szydlo à l’issue de la réunion des chefs de gouvernement des quatre pays du Groupe de Visegrád (République tchèque, Hongrie, Pologne et Slovaquie), jeudi à Varsovie. Après le référendum britannique sur le Brexit, les pays d’Europe centrale ont bien l’intention de faire entendre, plus que jamais, leur voix.

Robert Fico,  Bohuslav Sobotka,  Beata Szydlo et Viktor Orbán,  photo : ČTK
Cela fait quelque temps déjà que les pays d’Europe centrale ne craignent plus d’exprimer leur pensée et leurs positions et de les exprimer clairement. La réunion de Varsovie a confirmé une nouvelle fois que ces « nouveaux pays membres » auxquels on demandait d’abord, dans les années qui ont suivi leur adhésion à l’UE, d’emboîter le pas des principaux Etats décideurs en faisant profil bas, avaient désormais bien leur mot à dire. Et Beata Syzdlo ne s’en est pas privée jeudi : « la Commission européenne n’a pas tiré toutes les conséquences du référendum britannique », a ainsi déclaré la présidente du Conseil des ministres polonais à l’issue de sa rencontre avec ses homologues tchèque, slovaque et hongrois. Ce dernier est même allé plus loin en jugeant Bruxelles directement responsable du Brexit en raison des mauvaises décisions prises en matière d’immigration. Victor Orban estime qu’en la matière, l’exécutif européen ne respecte pas les attentes des pays membres et de leurs populations. C’est pourquoi le Groupe de Visegrád (V4) considère comme une priorité de faire cesser la pression migratoire qui pèse sur les Vingt-huit et de renforcer la protection des frontières de l’espace Schengen, comme cela est réclamé depuis le début de la crise. Un point sur lequel il a été rejoint par le chef du gouvernement tchèque, Bohuslav Sobotka :

La protection des frontières de l’UE,  photo : Rock Cohen,  CC BY-SA 2.0
« Si nous ne sommes pas capables de réaliser les opérations militaires ou civiles dans les environs immédiats de l’Europe lors de la protection des frontières de l’UE, alors nous ne serons pas en mesure d’intervenir efficacement pour faire front aux multiples risques qui nous menacent aujourd’hui. »

Dans une déclaration commune, le V4 a donc réclamé plus de pragmatisme à l’UE. Une Union qu’ils désirent voir se pencher sur les thèmes essentiels et les réformes indispensables à un meilleur fonctionnement de l’ensemble. Bohuslav Sobotka, Beata Szydlo, Victor Orban et Robert Fico se sont donc entendus pour exprimer une certaine forme sinon de ras-le-bol, au moins d’exaspération. Ils ne veulent plus de cette « UE institutionnelle telle qu’elle a été construite jusqu’à présent [qui] ne répond pas aux attentes des citoyens européens », comme l’a décrite la Première ministre polonaise. Là encore, la politique migratoire européenne pose plus particulièrement problème au groupe, et plus encore après les attaques terroristes. C’est ce qu’a expliqué Bohuslav Sobotka :

Photo : Fotomovimiento,  CC BY-NC-ND 2.0
« Beaucoup de choses ont changé dans le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Les conditions dans l’ensemble se sont dégradées et les menaces pour notre sécurité sont de plus en plus nombreuses. C’est pourquoi je pense que les Européens ont le droit légitime de penser que l’UE les protégera. »

Toutefois, les questions sécuritaires ne sont pas la seule préoccupation de pays paradoxalement parmi les moins touchés par les vagues migratoires au sein de l’UE.

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Le V4 souhaite une réforme en profondeur de l’UE tout en renforçant le marché commun et en maintenant les quatre libertés fondamentales que sont la circulation des marchandises, des services, des personnes et des capitaux. Sur ces deux points concrets, Prague, Budapest, Bratislava et Varsovie voudraient voir « la plus grande proximité possible » avec le Royaume-Uni, et ce malgré le Brexit. Les Polonais, notamment, dont des dizaines de milliers de ressortissants travaillent en Grande-Bretagne, sont inquiets par les limitations à la libre circulation des personnes que Londres envisage d’instaurer une fois qu’elle ne comptera plus parmi les Vingt-huit.

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Enfin, à l’exception dans une certaine mesure de la Slovaquie, seul pays du « Club des quatre » membre de la zone euro, tous rejettent l’idée d’un renforcement de la Vielle Europe autour de la monnaie unique, un projet qui, selon eux, remettrait en cause la cohésion de l’Union. Et c’est tout cela que le Groupe de Visegrád fera savoir, d’une seule et même voix, à ses partenaires européens lors du sommet sur l’avenir des Vingt-sept sans le Royaume-Uni le 16 septembre à Bratislava.