Acheter la Lune sans la décrocher : le business de l’ambassade lunaire en République tchèque
Emission consacrée aujourd’hui à un commerce pas comme les autres, celui de parcelles de Lune. Une des ambassades lunaires, qui gère cet étrange business pour la République tchèque et la Slovaquie, est basée à Prague et Filip Rajchart en est le porte-parole:
Vous avez créé cette ambassade lunaire à Prague à partir de l’idée d’un citoyen américain, Dennis Hope, qui a créé en 1980 la première ambassade lunaire à Los Angeles et a décrété que la Lune était à lui...
« Nous avons acheté une licence à Dennis Hope et nous nous sommes entendus avec lui pour représenter son ambassade en République tchèque puis en Slovaquie. En fait, nous utilisons son droit de propriété. »
Comment ça marche et combien ça coûte ?« Nous avons ouvert en 2006 et nous avons déjà vendu 25 000 parcelles, à 1 000 Kč l’unité, soit 40 euros. Une parcelle mesure 1 acre, un peu plus de 4 000 m². On en vend le plus pendant les périodes de fêtes, à Noël. »
Je vais vous poser une question qui est peut-être celle qu’on vous pose le plus souvent : est-ce que tout ça n’est pas finalement une grosse arnaque, personne ne sachant à qui appartient la lune ou plutôt sachant qu’elle appartient à tout le monde ?
« La question est de savoir ce qu’est une grosse arnaque... Parce que si on regarde comment ont été acquis les terrains sur la Terre, qui n’avaient pas non plus de propriétaire, tout le monde sait qu’ils n’ont pas été achetés. Chacun arrivait sur une terre et décrétait qu’elle lui appartenait. Sur la Lune c’est exactement la même situation... »
Comment ça se passe concrètement ?
« Nous achetons d’abord en gros à Dennis Hope, par quadrants, un quadrant représentant 1 700 parcelles d’un acre chacune sur la Lune. Nous revendons ensuite au détail, par parcelle. L’acheteur obtient un certificat de propriété, une carte, et la Constitution lunaire, trois papiers qui lui donnent le droit à un futur commerce de sa parcelle, mais la question reste de savoir ce qu’il va se passer à l’avenir... »C’est un bon commerce ?
« Je pense que tout commerce virtuel fonctionne bien et nous sommes beaucoup aidés par Internet. Nous vendons également des parcelles sur Mars et sur Vénus, mais là c’est vraiment de la grosse science-fiction... Et puis on vend aussi des ‘sentiments’, et comme on ne savait pas dans quoi les emballer on les vend en boîtes de conserve. On vend de l’amour, de l’espoir, de la vérité et de la foi. »Dans l’humour tchèque il y a une catégorie bien à part qu’on appelle ‘recese’, une sorte d’humour régressif que parfois seuls les Tchèques comprennent. Est-ce que c’est cette forme d’humour qui vous a attiré dans ce commerce ?
« Nous adorons l’humour ‘recese’, et c’est de ça dont il s’agit ici. Néanmoins ce qu’on prenait pour de la ‘recese’ dans le passé fait aujourd’hui partie de la réalité. Et si on prend Jules Verne par exemple, qui selon moi pratiquait l’humour ‘recese’, ces écrits sont devenus réalité, donc cette forme d’humour pourrait devenir réalité... »