Les premiers pas lunaires de Neil Armstrong vus de Tchécoslovaquie
Il y a 35 ans de cela, la télévision tchécoslovaque retransmettait en direct les premiers pas de l'homme sur la Lune. Au beau milieu de la Guerre froide, le triomphe des Américains a eu un fort impact sur la Tchécoslovaquie, que les chars soviétiques avaient envahie quelques mois plus tôt.
Le 20 juillet 1969, l'unique chaîne de télévision tchécoslovaque retransmettait en direct les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune. Pour Marcel Grün, actuel directeur du planétarium de Prague, la soirée reste inoubliable. Il a passé la nuit devant le petit écran et, les jours suivants, n'a cessé de parcourir le pays pour participer à des conférences sur le thème, même à l'ambassade américaine.
Pour l'ancien dissident Petr Uhl, l'événement historique est loin d'avoir été aussi marquant. Il raconte, dans le quotidien Lidove noviny daté de ce lundi, à quel point les astronautes, autant américains que soviétiques, étaient à des années-lumière de ses préoccupations principales. Il n'a jamais possédé de télévision jusqu'à la Révolution de velours. A l'époque instituteur, il était en train de parcourir le pays pour distribuer des tracts afin d'organiser la commémoration du premier anniversaire de l'écrasement du Printemps de Prague.
L'actuel vice-président du parti communiste de Bohême et de Moravie, Vaclav Exner, garde en revanche les images du premier homme sur la Lune en mémoire. Il ne manque cependant pas de rappeler qu'il avait déjà ressenti la même émotion auparavant, lorsque les Soviétiques envoyèrent Youri Gagarine dans l'espace.
Le parti communiste tchécoslovaque a autorisé la diffusion des images des succès américains dans l'espace jusqu'en 1971. Après, silence, la 'normalisation' isolait le pays de toute information non filtrée venant du monde capitaliste. Milan Smid, à l'époque journaliste au service étranger de la Ceskoslovenska televize raconte comment la censure soviétique a progressivement bâillonné les médias tchèques : "La normalisation dans le domaine scientifique s'est imposée petit à petit. Nous n'avons quasiment pas eu de problèmes pour couvrir les missions américaines jusqu'à la mission Apollo 15 en 1971", explique-t-il en ajoutant quand même qu'avant cette date les journalistes devaient "gonfler" un tant soit peu les exploits soviétiques dans le cosmos.