Alain Peyraube, du Conseil européen de la recherche : « plus il y aura de projets déposés par les chercheurs tchèques, plus il y aura de chances de voir ces projets retenus »

Photo: Commission européenne

Alain Peyraube, directeur de recherche au CNRS, a présenté, lundi, à Prague, au CeFReS, le Conseil européen de la recherche, dont il est membre. Ce nouvel organe, institué en février 2007, est chargé de coordonner les efforts de la recherche entre les Etats membres et offre ainsi de nouvelles possibilités de financement dans le domaine des sciences humaines et sociales.

Alain Peyraube
« La situation des sciences sociales dans l’espace européen de la recherche s’est considérablement améliorée depuis un certain nombre d’années. L’exemple typique de cette amélioration est le Centre européen de la recherche, qui, sur un budget de 7,5 milliards d’euros dans le cadre du Septième programme-cadre européen, a réservé 15% pour financer les projets dans le domaine des sciences humaines et sociales, ce qui est une avancée considérable par rapport aux pourcentages qui sont consacrés à ce domaine des sciences dans les agences nationales de recherche. Par exemple, la France ne consacre pas plus de 6 à 7% du budget total de la recherche pour les sciences humaines et sociales. »

La création de ce Centre européen pour la recherche favorise-t-il la coopération entre les chercheurs de différents pays européens ?

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« Au Conseil européen de la recherche, comme tout est vraiment ouvert et qu’il n’y a aucune contrainte, un projet de recherche par une équipe nationale est tout à fait éligible. Cela dit, quand on regarde les résultats des projets qui ont été déposés et financés après quatre appels d’offres, on se rend compte que les équipes constituées qui présentent un projet sont des équipes qui appartiennent à des pays européens différents. Pourquoi ? Parce que sur des grands projets qui sont financés à hauteur de deux à trois millions d’euros, le porteur de projets a besoin d’une expertise qu’il va aller chercher en Allemagne, en République tchèque ou ailleurs, s’il est français et qu’il n’arrive pas à la trouver en France. La recherche est maintenant internationale depuis longtemps. Les chercheurs européens circulent, se rencontrent dans des colloques et se voient beaucoup plus qu’avant. Ca s’est complètement ouvert au niveau européen et on va chercher l’expert du domaine même s’il n’est pas dans son propre pays. »

Vous êtes ici à Prague pour présenter ces institutions européennes pour la recherche. Quelle est la place de la République tchèque dans la recherche européenne ?

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« Pour l’instant, dans le domaine qui est le mien, c’est-à-dire les sciences humaines et sociales, il y a peu de projets qui ont été financés. Sur quatre appels d’offres, il n’y en a eu qu’un ou deux. Cela dit, s’il y a eu peu de projets financés, c’est qu’il y a eu très peu de projets déposés par rapport à d’autres pays, surtout s’il on compare à la Grande-Bretagne, la France, ou l’Allemagne. Mais comme l’a expliqué mon collègue tchèque membre avec moi du conseil scientifique du Conseil européen de la recherche [Pavel Exner], les chercheurs tchèques sont timides et n’osent pas présenter leurs projets en se disant que ce n’est pas pour eux. Ce qui n’est pas vrai ! Plus il y aura de projets déposés par les enseignants-chercheurs tchèques, plus il y aura de chances de voir ces projets retenus pour financement. »