Alois Vašátko, grand pilote de chasse tchécoslovaque, héros des batailles de France et d’Angleterre
Le monde entier va bientôt célébrer la fin de la Seconde Guerre mondiale. Déjà 65 ans se sont écoulés depuis la capitulation de l’Allemagne mais les héros de guerre, dont certains ont donné leur vie pour la liberté, restent dans la mémoire des peuples et des nations entières. Cette émission sera consacrée au général de brigade Alois Vašátko, pilote de guerre d’élite. Ce dernier a combattu pour la liberté avec František Fajtl, Václav Cukr, Svatopluk Janouch, Stanislav Peroutka, František Peřina, Tomáš Vybíral, Josef Stehlík et bien d’autres encore sous le ciel de la France et d’Albion. Les aviateurs tchécoslovaques, héros de guerre, engagés dans les campagnes de France et d’Angleterre, et qui sont restés en vie, ont été victimes de répressions et des grands procès iniques tchécoslovaques des années 1950. Seuls ceux qui ont quitté leur patrie à temps, comme František Peřina, ont pu y échapper.
Alois Vašátko passe son baccalauréat à l’Ecole normale d’instituteurs à Hradec Králové. C’est d’ailleurs pour cela qu’on le surnommera pendant la guerre le Grand Ámos d’après Jan Ámos Komenský (Comenius). Mais il n’exercera sa profession que pendant quelques mois. Puis il part faire son service militaire dans la section d’artillerie. C’est au cours de son service qu’il décide de rentrer dans l’armée. Il suit des études à l’Académie militaire à Hranice en Moravie où il obtient le grade de lieutenant d’artillerie et en 1935 il suit une instruction militaire d’observation au sein de l’armée aérienne. C’est l’unité qu’il choisit et deux ans plus tard il suit pendant un an une formation de pilote. Il est nommé commandant de la 14e escadre d’observation en grade de premier lieutenant. Sa carrière militaire commence durant l’une des périodes les plus sombres de l’Histoire de la Tchécoslovaquie. On est en 1938.
Les plus hauts représentants de l’Allemagne, de l’Italie, de la Grande Bretagne et de la France se réunissent à Munich et obligent la Tchécoslovaquie à céder à l’Allemagne les territoires frontaliers. Le cœur héroïque et patriote d’Alois Vašátko refuse les accords et le diktat de Munich. En juillet 1939 il fait partie du groupe de pilotes tchécoslovaques qui partent d’abord en Pologne, puis sur le front de l’Ouest. Début septembre de la même année le futur as du groupe de chasse I/5 est admis au sein de l’Armée de l’Air française. Suit le recyclage au Centre d’Instruction à la Chasse (C.I.C) de Chartres et le 11 mai 1940 le commandant Vašátko est affecté avec d’autres pilotes tchécoslovaques au groupe de chasse I/5. Les deux premières destructions en l’air de deux Me 109 de la Luftwaffe, suivies de l’abattage d’une dizaine d’avions ennemis, classent Alois Vašátko parmi les meilleurs pilotes de chasse de la bataille aérienne de France. La France capitule en juin 1940 et le Grand Ámos quitte, avec les autres pilotes du groupe de chasse I/5, le pays du coq de Galle. Début août 1940 le premier lieutenant Vašátko arrive en Grande- Bretagne. La bataille aérienne d’Angleterre bat son plein. On a grandement besoin de pilotes d’élite. Le Grand Ámos, avec d’autres pilotes tchécoslovaques, est accueilli à bras ouverts dans la RAF avec le grade de Pilote Officer. Fin septembre le groupe de chasse d’élite vole sur la défense de Liverpool. Le Grand Ámos remporte au sein d’une patrouille de trois chasseurs sa première victoire en Angleterre. En septembre il devient également commandant du 312e groupe de chasse tchécoslovaque qui vient d’être constitué. Sur sa proposition le groupe aura pour emblème officiel une cigogne volante. A travers ce symbole, Alois Vašátko rend hommage aux Cigognes tchécoslovaques qui s’étaient battues avec les Cigognes française pour une cause commune. Il monte rapidement en grade jusqu’à devenir commandant de l’escadrille tchécoslovaque et finalement Wing Commander (lieutenant-colonel des forces aériennes nationales de chasse). La journée du 23 juin 1942 est fatale pour le pilote de chasse d’élite. L’escadrille tchécoslovaque accompagne dix-huit bombardiers bimoteurs Boston qui ont pour but d’attaquer l’aéroport de Lannion en Bretagne. A l’approche des côtes britanniques ils se font attaquer par des Focke-Wulf 190. Un des chasseurs ennemis heurte le Spitfire du Commandant de l’escadrille. L’avion explose en vol et ses débris tombent dans la mer, entraînant à tout jamais le corps d’Alois Vašátko dans les profondeurs du Canal de la Manche. Alois Vašátko, Chevalier de la Légion d’honneur, promu au grade de lieutenant-colonel, puis colonel en 1991, et finalement général de brigade le 8 mars 1992, a été trois fois décoré de la croix de guerre tchécoslovaque, de la médaille tchécoslovaque des actes de courage face à l’ennemi (1941), de la croix de guerre avec 7 palmes, 1 étoile or et deux argent, Distinguished Flying Cross (1942), Distinguished Service Order (1943). Le Commandant en Chef des Forces Aériennes, le Général Vuillemin, lui a remis la Croix de guerre avec palme en 1940. Les célébrations du 65ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale guerre approchent et c’est l’attaché de défense de la République française à Prague, le lieutenant-colonel Bruno Bucherie qui nous dira comment on rend hommage aux pilotes tchécoslovaques qui ont combattu pendant la guerre en France. Le lieutenant-colonel Bruno Bucherie.« Bonjour, tout d’abord je souhaiterais saluer tous les auditeurs, ensuite je voulais un peu élargir le débat sur cette question puisqu’en France on honore non seulement les pilotes tchécoslovaques mais également tous les combattants qui ont combattu pour défendre les valeurs de la République et pour défendre la France et l’Europe. La France a neuf journées nationales annuelles qui ont été instituées par des lois pour commémorer ces faits d’armes et les combattants et le sacrifice de ces victimes civiles et militaires. Ces différentes journées nationales sont échelonnées tout au long de l’année. Les deux plus célèbres sont le 11 novembre, bien sûr pour commémorer le 11 novembre 1918, la fin de la Première Guerre mondiale et la deuxième c’est le 8 mai pour commémorer la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le 8 mai 1945. Au sein de ces journées nationales qui commémorent les fins de ces guerres mondiales nous avons des cérémonies qui sont un petit peu plus orientées vers le souvenir des étrangers qui ont combattu en France notamment par exemple les combattants américains qui sont célébrés à Cantigny au mois de mai. En ce qui concerne les soldats tchèques et slovaques, on commémore la participation de ces soldats à la défense de la France à Neuville-Saint-Vaaste et au cimetière tchèque et slovaque de la Targette qui est dans le Nord. Donc au-delà du souvenir des pilotes tchécoslovaques, ce sont tous les soldats tchécoslovaques qui ont combattu à la fois pendant la Première et la Seconde guerre mondiale que l’on commémore lors de ces dates-là. Ensuite on peut dire que le souvenir des pilotes tchécoslovaques est rappelé de façon un petit peu plus privée par les unités au sein desquels les pilotes tchécoslovaques ont combattu, je pense en particulier au groupe de chasse 1/5 dont les traditions était reprises actuellement par l’escadron 1/3 Champagne qui continue effectivement à honorer la mémoire des as non seulement français mais également tchécoslovaques comme le capitaine Vašátko ou le lieutenant, qui a été bien sûr depuis nommé général, Peřina. »Est-ce que vous allez assistez aux célébrations en République tchèque et où ?
« Oui, actuellement sur ma liste il y a quatorze cérémonies auxquelles je vais participer sur l’ensemble du territoire de la République tchèque. Plus particulièrement je retiendrai Roztoky et Levý Hradec pour commémorer les déportés. Je participerai également à une cérémonie en l’honneur du général Štefánik qui se déroulera le 4 mai. Plus particulièrement orienté sur les pilotes tchécoslovaques le 6 mai je serai à une cérémonie à Řepy pour commémorer le général Peřina et ensuite je serai à Bystřany, Černý Most, à Lidice, Mělník, Ustí nad Labem, donc l´ensemble du territoire tchèque. »
Sources : revue de l’aviation française par Jean Lasserre, les documents de l’historien Jiří Rajlich et récit de Ladislav Sitenský.