Covid-19 : le Premier ministre tchèque en quête de leçon sur le « modèle » israélien

Andrej Babiš, Benjamin Netanyahu et Viktor Orbán à Jérusalem, photo: ČTK/AP/Abir Sultan

Le Premier ministre tchèque Andrej Babiš était en déplacement en Israël jeudi, où il a rencontré son homologue israélien Benyamin Netanyahou, mais aussi le chef du gouvernement hongrois Viktor Orbán. La stratégie vaccinale éclair de l’Etat hébreu était au cœur de ces discussions, alors qu’avec 55% de sa population déjà vaccinée, Israël fait figure de pionnier en la matière, par rapport à l’Europe, et tout particulièrement à la République tchèque, largement à la traîne.

Une visite officielle tchèque en Israël ne fait jamais l’économie du rappel de sa relation spéciale avec l’ancienne Tchécoslovaquie qui a jadis fourni une aide militaire conséquente à l’Etat hébreu en formation, via d’importantes livraisons d’armes, de munitions et d’avions et des formations de pilotes. La République tchèque actuelle a embrayé sur cette alliance historique, et fait partie des plus proches alliés d’Israël en Europe.

L’ouverture d’une annexe de l’ambassade tchèque à Jérusalem,  photo: ČTK/AP/Sebastian Scheiner

C’est donc aussi à la lumière de l’Histoire qu’il faut aussi comprendre l’ouverture d’une annexe de l’ambassade tchèque à Jérusalem, que le Premier ministre tchèque a inaugurée ce jeudi. Celle-ci vient renforcer la présence diplomatique tchèque dans la ville sainte, où se trouvent déjà un consulat honoraire depuis mai 2018 et la Maison tchèque inaugurée en novembre de la même année. Si officiellement, l’ambassade tchèque demeure à Tel Aviv, le président tchèque Miloš Zeman est un fervent partisan de son déménagement pur et simple à Jérusalem, à l’instar de ce qu’a fait Donald Trump en 2018.

Mais si l’Histoire est importante, l’actualité dominée par la crise sanitaire due à l’épidémie de Covid-19 l’est tout autant. Et c’est pour tirer les leçons de l’expérience israélienne que les Premiers ministres tchèque et hongrois avaient rendez-vous avec Benyamin Netanyahou jeudi. En Israël, plus de la moitié de la population a déjà reçu au moins une première dose de vaccin contre le Covid-19 et de nouvelles mesures de déconfinement sont entrées en vigueur le 7 mars. On est donc bien loin de la situation de la Tchéquie, qui fait partie des pays les plus touchés en termes de contaminations et de décès et dont le système hospitalier est en état de quasi saturation. A l’occasion d’une conférence de presse conjointe, le Premier ministre israélien s’est voulu solidaire :

Benyamin Netanyahou,  photo: ČTK/AP/Abir Sultan

« Une fois que nous aurons terminé de vacciner notre population adulte, si nous avons la capacité de proposer notre assistance, je vous promets que nous ferons tout notre possible pour le faire. »

Mauvais élève de l’UE en termes de gestion de la crise sanitaire, la Tchéquie vient en quête de conseils et d’inspiration pour sortir le pays du marasme actuel. Ceci d’autant plus que la République tchèque et Israël affichent un nombre d’habitants très similaire :

« La pandémie a durement frappé notre pays et je viens ici pour apprendre de votre expérience. L'Etat d'Israël est devenu un exemple de la lutte contre le Covid, en tête de la vaccination, et de la capacité de la nation à organiser une opération de logistique massive de manière admirable, » a déclaré Andrej Babiš.

En attendant, Benyamin Netanyahou et ses homologues hongrois et tchèque Viktor Orbán et Andrej Babiš ont annoncé leur coopération dans la création d'une usine de vaccins de nouvelle génération et de médicaments en Israël pour faire face aux futures pandémies. On écoute le Premier ministre tchèque :

Andrej  Babiš à Jérusalem,  photo: ČTK/AP/Abir Sultan

« Ils nous proposent de participer à la production de vaccins fabriqués en Israël. C’est une production prévue à hauteur de 10 millions de vaccins par mois. »

La question épineuse des passeports vaccinaux, toujours controversée au niveau de l’UE, a également été abordée, le Premier ministre israélien proposant leur mise en place avec la Tchéquie et la Hongrie, à l’instar de ce qui a été fait avec la Grèce et Chypre.

Dans la délégation qui accompagnait le Premier ministre tchèque dans l’Etat hébreu se trouvaient également la directrice de la Première faculté de médecine de l’Université Charles et de l’hôpital Thomayer ainsi que l’épidémiologiste de l’Institut de médecine clinique et expérimentale. Tout comme lors des deux derniers déplacements du chef du gouvernement en Hongrie et en Serbie, le ministre de la Santé Jan Blatný, a priori premier concerné par ces questions de stratégie vaccinale, faisait figure de grand absent.